Les aéroports français, "un repoussoir": le départ de Ryanair de trois villes passe mal

Ryanair réduit sa présence en France. La compagnie aérienne lowcost compte supprimer cet hiver 750.000 sièges et 25 lignes aériennes au départ ou à l'arrivée de la France. Trois aéroports français ne seront également plus desservis, à Brive, Strasbourg et Bergerac.
Cette décision fait suite à des désaccords entre l'Etat et la compagnie, celle-ci n'acceptant pas l'augmentation de 180% de la taxe de solidarité sur les billets d'avion (TSBA), aussi appelée taxe Chirac, cette année.
Cette taxe a quasiment triplé au mois de mars, passant de 2,63 à 7,40 euros par billet pour un billet à destination de la France ou de l'Europe. La somme grimpe jusqu'à 40 euros pour un long-courrier.
Des usagers en peine
La nouvelle fait l'effet d'un coup de massue à Bergerac, en Dordogne, pour qui Ryanair représente 80% de ses vols. Aux portes de l'aéroport, cette décision passe mal auprès des voyageurs.
"C'est pour aller voir mes enfants ou aller les voir. Ce n'est pas pratique", confie Laetitia au micro de RMC.
Pour une touriste galloise, ce scénario est "typique du propriétaire de cette compagnie", qui "veut faire de l'argent" et "s'en fiche de ses clients".
De son côté, Michel, qui habite près de l'aéroport, affirme avoir "des frissons": "On va devoir aller à Bordeaux, c'est une heure et demie de route, avec les embouteillages c'est très embêtant. D'un point de vue économique, ça va être terrible je pense aussi".
L'aspect économique est l'une des principales sources d'inquiétudes provoquées par ce retrait de Ryanair.
"On regarde ça de près. Au niveau économique, ce sont des millions d'euros de retombées pour notre territoire. C'est une bien mauvaise nouvelle et il faut qu'on trouve des solutions pour faire perdurer cette structure", explique Frédéric Delmares, président de la communauté d'agglomération bergeracoise.
Il garde toutefois espoir: "Je pense que le taux de remplissage de ces avions est très bon, donc économiquement Ryanair n'a pas non plus intérêt, donc il faut trouver le point d'équilibre".
Une menace pour l'attractivité de la France
Les représentants de l'aéroport et Ryanair doivent se rencontrer dans les prochains jours. Pour Thomas Juin, président de l'Union des aéroports français, cette décision n'est pas un chantage.
"C'est la conclusion de ce qui avait été dit au printemps dernier au gouvernement en disant que s'il y a un triplement de cette taxe, il y a des dommages sur le secteur aérien français et donc ils appliquent ce qu'ils ont dit", avance-t-il dans Apolline Matin.
La nouvelle n'est pas bonne pour l'attractivité du pays. Les aéroports de Bergerac, Strasbourg et Brive permettent de faire venir des touristes étrangers, mais le retrait de Ryanair ne sera pas compensé par une autre entreprise.
"Il n'y aura pas d'autres compagnies aériennes qui viendront se positionner puisqu'elles considèrent que les taxes en France sont un repoussoir pour développer des liaisons", indique Thomas Juin.
Le représentant rappelle que la politique fiscale de la France isole celle-ci sur la scène européenne, nos pays voisins n'évoluant pas du tout dans la même optique. "Donc les compagnies aériennes portent leur croissance sur les pays étrangers", précise-t-il.
Aux yeux des aéroports français, cette décision de ne pas annuler l'augmentation de la taxe Chirac est d'ailleurs contradictoire avec l'ambition du Premier ministre qui avait annoncé développer les recettes touristiques de la France avec 100 milliards d'euros. Si la clientèle étrangère se réduit dans l'Hexagone, ces recettes ne devraient pas se développer davantage.