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Transports

Ryanair supprime trois dessertes régionales en France en riposte à la taxe aérienne

Ryanair annonce une commande de 300 Boeing 737-MAX-10

Ryanair annonce une commande de 300 Boeing 737-MAX-10 - STEPHEN BRASHEAR

Pour riposter à la hausse de la taxe aérienne, Ryanair a décidé de déserter trois aéroports régionaux français pour cet hiver. Il s'agit des aéroports de Strasbourg (est), Bergerac et Brive (sud-ouest).

La compagnie irlandaise Ryanair prend les devants et réduit la voilure en France, en supprimant trois dessertes régionales pour l'hiver. Un signe de protestation face à l'augmentation de la taxe de solidarité sur les billets d'avion.

L'entreprise qui menace également de continuer de rediriger ses flux vers les destinations plus "compétitives" comme la Suède, la Hongrie ou l'Italie.

Strasbourg, Bergerac et Brive

La première compagnie à bas prix européenne a annoncé ce mercredi 30 juillet "l'arrêt de ses activités" à Strasbourg (est), Bergerac et Brive (sud-ouest). Des aéroports qui desservaient notamment Londres, Edimbourg, Bristol, Charleroi (Belgique), Porto (Portugal) ou Agadir (Maroc) pour la compagnie low-cost.

Pour l'hiver 2025, Ryanair prévoit une réduction de 13% de sa capacité en France, soit 750.000 sièges en moins, l'annulation de 25 lignes et l'interruption de la desserte de ces trois aéroports.

"Cette décision fait suite à l'échec du gouvernement français à annuler l'augmentation excessive de la taxe aérienne, qui a été augmentée de 180% en mars 2025", a expliqué la société irlandaise dans un communiqué .

La taxe de solidarité sur les billets d'avion (TSBA) est passée à 7,4 euros contre 2,63 euros auparavant pour les vols intérieurs ou vers l'Europe. "Cette taxe astronomique rend la France moins compétitive par rapport à d'autres pays de l'UE comme l'Irlande, l'Espagne ou la Pologne, qui n'imposent aucune taxe aérienne", a poursuivi Ryanair.

"Malheureusement prévisible"

Le président socialiste du conseil départemental de la Dordogne, Germinal Peiro, prend cette décision "au sérieux puisque Ryanair assure les deux tiers des vols sur la plateforme de Bergerac" qui a vu transiter en 2024 240.000 passagers.

A Strasbourg, le président du directoire de l'aéroport, Gilles Tellier relativise, lui, l'annonce de Ryanair, qui ne concerne que deux destinations (Agadir et Porto) desservies deux fois par semaine par la compagnie, sur les 36 destinations atteignables depuis la capitale alsacienne.

"J'espère que d'autres compagnies vont regarder la possibilité de reprendre ces deux destinations", a-t-il déclaré à l'AFP.

Le patron de la compagnie Michael O'Leary avait pourtant assuré fin mars qu'il ne supprimerait pas de desserte régionale.

"Il est inacceptable qu'un pays européen majeur comme la France accuse un tel retard par rapport au reste de l'UE, avec un trafic toujours inférieur aux niveaux d'avant-Covid, à cause de taxes et de frais de sûreté excessifs imposés par le gouvernement", a dénoncé Jason McGuinness, directeur commercial de Ryanair cité dans le communiqué.

L'Union des aéroports français (UAF) a déploré cette décision "malheureusement prévisible" qui entraîne "une perte immédiate de revenus" pour les aéroports et "un isolement renforcé, une diminution de l'attractivité et une baisse significative de la fréquentation touristique" pour les territoires concernés.

Menaçant pour l'été 2026

De son côté, la Fédération nationale de l'aviation et de ses métiers (FNAM) a appelé le gouvernement à "revenir à une fiscalité plus équilibrée, afin d'éviter d'autres fermetures de lignes qui isoleraient encore davantage la France et ses régions".

Interrogé par l'AFP, le ministre des Transports Philippe Tabarot a estimé que la France avait "atteint un plafond" avec cette taxe appliquée depuis mars 2025 sur un secteur aérien "essentiel à la connectivité du pays".

Ryanair s'est aussi fait menaçant pour l'été 2026, appelant de nouveau à supprimer cette taxe aérienne qu'il juge "néfaste".

"A moins que le gouvernement français change de cap, les investissements de Ryanair en France seront inévitablement redirigés vers des marchés européens plus compétitifs comme la Suède, la Hongrie ou certaines régions d'Italie, où les gouvernements suppriment activement les taxes aériennes", a déclaré Jason McGuinness.

L'Union des aéroports français (UAF) avait mis en garde contre le risque de voir les compagnies aériennes à bas coûts, qui pèsent plus de 99% de l'activité de Beauvais (au nord de Paris), Carcassonne, Béziers et Nîmes (sud) se détourner de la France en raison de l'augmentation de cette taxe.

Solenn Guillanton avec AFP