Zone à trafic limité à Paris: "La fin des voitures en ville, un vrai changement de civilisation"

"On est attachés à la bagnole. On aime la bagnole, Moi, je l’adore." Cette phrase, c’est Emmanuel Macron qui l’a prononcée. Souvenez-vous, c’était il y a peine un an. La voiture, ce n’est pas seulement un moyen de locomotion, c’est un art de vivre, une partie de nous-même. Ça fait plus d’un siècle que ça dure. On est en train de nous l’arracher, et forcément, ça nous fait mal.
La lutte contre les voitures en ville, ce n’est pas si récent, mais ce n’est pas si ancien non plus. Bizarrement, l’âge d’or de la bagnole et le début de son déclin, ça date de la même époque. On est au début des années 1970. Le président, c’est Georges Pompidou. Et, Pompidou, c’était notre président-conducteur, le Schumacher de l’Elysée. Pour lui, la voiture, c’était l’industrie, la liberté, le progrès. C’était presqu’un droit de l’homme. Il roulait en Porsche et avait lui-même inauguré l’autoroute A6 au volant d’une R16. Une scène inimaginable aujourd’hui.
Et dans le même temps, c’est le début de la guerre contre les voitures dans Paris. En 1971, on met en place les premiers parcmètres. A l’époque, on disait déjà que c’était provisoire. C’était surtout impopulaire... Pour les Parisiens, c’était une atteinte à leur liberté, un racket organisé. Des gens ont même porté plainte devant les tribunaux administratifs ? Rien n’y a fait, c’était perdu d’avance. La lutte contre les voitures, ça ne s’arrêtera plus.
Dans les années 1930, les villes deviennent des circuits automobiles
Pourtant, la ville, ça a longtemps été le temple de l’automobile. C’est le lieu par excellence des échanges, du commerce, c’est-à-dire de la rapidité. Mais on n’a pas attendu l’automobile pour avoir des problèmes de circulation. Dès la fin du XVIIe siècle, des gens se plaignent de la circulation des carrosses: ils vont vite, ils renversent les passants, ils éclaboussent tout le monde en roulant dans des flaques. C’est déjà un problème de société. Et en plus, c’est un truc de riche, donc ce n’était franchement pas populaire.
La généralisation de l’automobile au début du XXe siècle change la donne. Et dans les années 1930, on transforme les villes en véritable circuit. La priorité, c’est la route. On coupe des arbres, on élargit les avenues, on met les premiers feux tricolores. Les tramways disparaissent, et les bicyclettes se font de plus en plus rares. La bagnole règne en maître. On l’a un peu oublié, mais sur la tour Eiffel, il y avait une gigantesque publicité pour la marque Citroën. Tout un symbole!
On revient donc vraiment de loin… Chasser les voitures des villes, après tout, c’est le sens de l’histoire. Mais il ne faut pas minimiser ce que ça veut dire. Ça va bouleverser notre rapport à la ville, la façon dont on se déplace, l’architecture, le paysage... Bref, ça touche à ce qu’on a de plus précieux: notre quotidien. Comme le disait Georges Pompidou: "L’automobile est le signe de la libération de l’individu". Il va falloir se réinventer.