"Un signe religieux peut être pris comme une pression": le député à l'origine de l'amendement contre le port du voile dans les bureaux de vote s'explique
L'ambiance était électrique mardi dans les rangs de l'Assemblée nationale. Cela faisait visiblement bien trop longtemps que les députés ne s'étaient pas écharpés sur leur sujet phare, le voile. Le débat sur l'interdiction ou non du voile aux assesseurs dans les bureaux de vite a déchiré l'Assemblée nationale.
Pendant près de deux heures, les députés ont échangé autour d’un bref amendement, finalement rejeté, émanant du MoDem, qui aurait souhaité interdire tout signe ostentatoire d’appartenance religieuse pour le personnel des bureaux de vote lors d’une élection, comme c’est déjà le cas pour les signes politiques.
Eric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes, a sobrement évoqué le voile et le terrorisme dans la même phrase ce qui a fait sortir de ses gonds Marlène Schiappa: "Quand je vous entends faire un parallèle entre cette dame qui s'est levée tôt pour aller être assesseur bénévolement et un acte terroriste, et la comparer à des assassins, je suis scandalisée. Scandalisée pour cette dame. Peut-être qu'avec plus de dames comme elle et moins de gens comme vous, la démocratie se porterait mieux", lui a rétorqué la ministre déléguée chargée de la Citoyenneté.
"L'amendement, c'est contre tous les signes religieux"
C'est l'ancien maire de Sarcelles François Pupponi aujourd'hui député maire du Val-d'Oise qui est à l'origine de l'amendement: "L'amendement, c'est contre tous les signes religieux. J'ai été maire de Sarcelles et un président de bureau de vote peut avoir une kipa ou un assesseur une grande croix puisqu'il y a beaucoup d'Assyros-Chaldéens", assure-t-il ce jeudi sur RMC.
"Dans un bureau de vote, il faut une neutralité, car un signe religieux peut être pris comme une pression. En 2017, le ministère de l'Intérieur avait sorti une note en disant qu'il fallait "de la neutralité" mais il ne parlait que de la neutralité politique. On a voulu étendre ça à la neutralité religieuse parce que cela peut être une forme de pression ou de revendication et cela n'a pas sa place dans un bureau de vote".
"Tout l'intérêt du texte c'était de lutter contre l'Islam politique, empêcher que cette frange de l'islam qui veut revendiquer son islamisme à travers la politique ne puisse avoir droit de cité en France", ajoute l'élu.
Polémiques multiples
François Pupponi pointe également du doigt une "situation un peu absurde" dans les bureaux de vote où le président de bureau de vote qui représente l'Etat, n'a pas le droit d'avoir de signes religieux, contrairement aux assesseurs qui sont bénévoles et censés représentés les citoyens via un candidat aux élections.
Si la question du voile dans les bureaux de vote a été abandonnée, le voile est revenu dans la foulée avec un autre débat porté par des députés LR, proposant cette fois de bannir les emblèmes à caractère confessionnel des affiches des candidats. La suite au prochain épisode.
>> A LIRE AUSSI - "On s'engage mais on en a marre d'être renvoyés à notre religion" déplore une présidente de bureau de vote, mutée à cause de son voile