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Une factrice mise à pied pour avoir "rendu service" à une personne âgée: "C'était pour l'arranger" confie-t-elle sur RMC

A Tulle, en Corrèze, Sylvie, une postière a été mise à pied deux semaines pour avoir signé, à la place d'une usagère, un récépissé afin de pouvoir lui livrer un colis directement dans sa boîte aux lettres.

C'est le reflet d'un fonctionnement qui dérape regrette les syndicats chez La Poste: l'histoire de Sylvie, une postière de Tulle en Corrèze. La salariée est mise à pied pour deux semaines, parce qu'elle a rendu "service à l'une de ses clientes". 

Il y a un peu plus d'un mois, Sylvie, postière depuis 20 ans, sonnait à la porte d'une cliente pour lui livrer son colis. Pas de réponse, comme elle en a l'habitude. Sylvie signe donc à la place de la cliente - qui était au courant et d'accord avec cette pratique - et lui laisse son colis dans sa boite aux lettres afin d'éviter que cette dernière ne se déplace au bureau de poste. Et c'est justement cela qui lui est reproché: 

"On essaie le plus possible d'arranger les gens. Et c'est difficile. Personne ne veut de mal à personne. C'est de la maltraitance. On n'entend des choses très dures, comme 'vous n'êtes qu'un simple salarié...'"

"On est en train de déshumaniser la Poste"

C'est "le reflet d'une ambiance pesante chez la Poste", selon Karine Lavaud, secrétaire CGT de l'entreprise sur place. Et plus généralement, regrette-t-elle, "l'entreprise enlève tout l'aspect relationnel qui entoure le métier de postier".

"Il y a de plus en plus de répression à la Poste. Et surtout des répressions lourdes: des sanctions lourdes pour des fautes minimes. Ils demandent qu'on passe le moins de temps avec les clients, ce qui est dommage parce que les gens sont attachés à leur facteur. Ils veulent qu'ils s'arrêtent et on n'a parfois même pas le temps de leur dire bonjour. On est en train de déshumaniser la Poste" dénonce la syndicaliste.

Une pétition de soutien a été remis à l'entreprise: plus de 7.000 signatures y figurent déjà, notamment celle des maires des villages dans lesquelles elle faisait ses tournées.

La postière a pu s'expliquer avec sa direction cette semaine durant un" entretien qui s'est bien passé" selon elle. Sylvie risque toutefois le licenciement. 

Thomas Chupin