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Vidéos de ses ébats sur internet, cyberharcèlement... "Sophia vit un enfer, il faut que cela cesse"

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Sophia, une Toulousaine de 32 ans, est harcelée sur internet par un homme, qui pourrait être son ex-compagnon. Cet individu, non identifié encore par la police, diffuse des vidéos de leurs ébats intimes depuis trois ans. Ce qui n'est pas sans conséquence: depuis peu Sophia souffre du syndrome de Guillain-Barré. Hospitalisée, elle se trouve aujourd'hui en réanimation.

Anne Faillefer est membre du collectif "Justice pour Sophia" et présidente de l'association Cyberhar'So, créés pour soutenir la jeune femme. Une pétition, adressée au président de la République et au ministre de l'Intérieur, vient aussi d'être récemment mise en ligne:

"Sophia est une de mes amies. Aujourd'hui âgée de 32 ans, elle est sortie pendant deux ans avec homme mais leur histoire s'est terminée il y a trois ans. Lui habitait dans le nord et venait de temps en temps lui rendre visite à Toulouse. Personnellement, je ne l'ai jamais rencontré mais mon conjoint et quelques amis l'avaient croisé à quelques reprises. Il n'a jamais éveillé le moindre soupçon… A cette époque, il s'avère que Sophia et cet homme ont pris des photos et filmé certains de leurs ébats. Si Sophia était consentante, elle ne se doutait pas qu'elle allait vivre un enfer ensuite.

"Encore impossible de prouver qui se cache derrière tout ça"

Car depuis leur séparation, il y a trois ans, à de nombreuses reprises, ces photos et vidéos ressortent sur internet. Plus précisément, elle reçoit, ainsi que ses amis, ses parents, ses collègues, ses employeurs, des mails de menace avec des extraits de ses vidéos. Les mails sont parfois accompagnés de messages très violents du genre 'Tu paieras', 'Je vais te détruire'... Ces images ont aussi été diffusées sur des sites pornographiques. L'individu usurpe aussi l'identité de Sophia pour créer des faux comptes Facebook et diffuser des vidéos à tous ses contacts. Mais, pour l'heure, il est encore impossible de prouver qui se cache derrière tout ça.

En effet, si Sophia a porté plainte à de multiples reprises, la justice n'arrive pas à savoir qui est l'auteur de ces mails. Elles ont toutes été classées sans suite par le procureur car la personne derrière cette histoire utilise un brouilleur ou des plateformes basées à l'étranger pour diffuser ces vidéos. Si nous soupçonnons fortement son ex-compagnon, nous souhaitons respecter la présomption d'innocence. On peut se tromper et comme la justice n'arrive pas identifier clairement l'individu à l'origine de tout ça… En réalité, ce que nous souhaitons c'est que tout cela cesse et que cet harceleur soit arrêté et puni. Ce qui sera peut-être le cas car, suite à une énième plainte, il y a un mois environ, une juge d'instruction a enfin été nommée.

"Hospitalisée, elle se trouve en réanimation"

Nous, ses amis et sa famille, avons décidé de créer un collectif pour la soutenir. Tout d'abord, parce que on se dit que si cette personne arrive à diffuser ces vidéos en toute impunité sur le net, il doit bien y avoir d'autres personnes qui peuvent faire en sorte que celles-ci disparaissent. C'est pour cela que nous voulons médiatiser cette affaire parce que quand il s'agit de personnes célèbres, ces fichiers disparaissent très rapidement. Nous voulons la même chose pour Sophia.

Mais l'autre raison de la création de ce collectif est que l'état de santé de Sophia s'est dégradé. Si pendant trois ans, elle a été très forte et a toujours fait face, depuis le 30 mars, elle souffre du syndrome de Guillain-Barré, une maladie qui la paralyse totalement. Elle est donc hospitalisée et se trouve aujourd'hui en réanimation. Il faut donc désormais qu'elle se rétablisse sereinement sans avoir à affronter de nouvelles diffusions de vidéos et d'ennuis juridiques.

Au-delà du cas de Sophia, nous lançons aussi une association afin de prévenir les jeunes des dessous des réseaux sociaux et de ce type de pratique. Nous voulons donc faire de la prévention dans les établissements scolaires pour éviter que ce genre de situation ne se répète".

Propos recueillis par Maxime Ricard