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Solère écouté par la DGSE: "Cela ressemble à une tentative de déstabilisation politique"

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REACTIONS - D'après Le Monde, le député Les Républicains, Thierry Solère, a été espionné par la DGSE alors qu'il se présentait aux législatives contre Claude Guéant dans les Hauts-de-Seine. Si la DGSE a démenti de tels actes, ces révélations interrogent.

Espionnage dans un même parti via la DGSE? Le Monde assure mardi que le renseignement extérieur français a scruté en 2012 les téléphones et l'adresse internet de Thierry Solère, UMP dissident opposé à Claude Guéant, alors ministre de l'Intérieur, lors des législatives dans les Hauts-de-Seine. Contactée par France 2, la DGSE affirme qu'il n'y a pas eu d'écoute et qu'il n'est pas possible techniquement d'effacer les traces d'une écoute.

Mais selon le Monde, les services de sécurité extérieure ont été utilisés "hors de tout contrôle" à partir du 20 mars 2012 pour espionner un rival politique. Ses téléphones et sa boîte mail ont ainsi été surveillés. Thierry Solère était à l'époque un candidat dissident UMP opposé à Claude Guéant lors des législatives dans les Hauts-de-Seine. "Je pense que je vais porter plainte contre X pour savoir ce qu'il s'est passé. Ce sont des accusations très graves", assure le député sur RMC.

"C'est très choquant"

Thierry Solère retient surtout la date du 20 mars 2012, à savoir le lendemain de l'attaque de Mohammed Merah contre une école juive à Toulouse. "On ne peut pas imaginer, surtout dans le contexte dans lequel on est, que des services de renseignements puissent être utilisés à d'autres fins que leurs missions", regrette le député. "Je n'ai que deux questions, poursuit-il. Est-ce que c'est vrai? C'est à la justice de le dire. Et si c'est vrai, qui a fait cela?"

"On ne sait pas qui a donné l'ordre, assure à RMC Jacques Follorou le journaliste du Monde auteur des révélations. Cela fait partie de la part d'ombre des services de renseignements. Visiblement cela a été fait à l'insu de l'institution elle-même. Il s'agit donc de savoir qui a pu permettre le détournement de ces outils mais cela ressemble à une tentative de déstabilisation politique". "C'est très choquant", estime pour sa part Pierre Martinet, ancien agent du service action à la DGSE.

"J'espère que des têtes vont tomber"

Il rappelle en effet que "la mission principale de la DGSE, et encore plus depuis 2001, est axée sur le terrorisme international". Donc "si c'est avéré cela reviendrait à détourner des moyens de l'Etat à des fins totalement privées". Pour autant, Pierre Martinet n'arrive pas à croire à une surveillance sauvage: "Il faut être clair. A la DGSE, à la direction des opérations, il n'y a pas d'électron libre. A chaque fois que l'on a à effectuer une mission, tout est carré, des ordres sont donnés. Cela veut donc dire que tout ceci a été mené par une voie autre que légale. Ce qui ne met pas en cause l'institution mais certaines personnes. Ce qui serait totalement inadmissible".

Et de conclure: "Si c'est vrai, j'espère que des têtes vont tomber et que cela passera en justice". Interrogé par Le Monde, Claude Guéant nie cette affaire: "Cela ne me dit strictement rien". Il a demandé au ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian de "diligenter une enquête, et éventuellement de saisir la justice".

Maxime Ricard avec Aurélia Manoli