Des moulins transformés en mini-centrales hydroélectriques: une solution d'énergie verte

Alors que s’ouvre la COP 28, certaines méthodes innovantes peuvent produire une énergie plus verte, décarbonée. Il existe de nombreuses pistes à explorer. On pourrait regarder vers le passé et réhabiliter nos bons vieux moulins. Les moulins font partie du paysage, de notre patrimoine culturel. Souvent abandonnés, on les regarde avec une pointe de nostalgie.
On a oublié que les moulins permettaient aussi de produire de l’énergie. On ne va pas s’en servir pour moudre du grain, mais pourquoi ne pas utiliser la technologie pour les transformer en mini-centrales hydroélectriques pour produire une énergie verte? Plusieurs start-up françaises travaillent sur le sujet. On peut citer notamment FuguTech, basée du côté de Montceau-les-Mines, en Saône-et-Loire.
On estime qu’il y a plus de 30.000 moulins à eau qui peuvent être équipés en France, installés le long de rivières ou autres cours d’eau plus ou moins puissants. Une turbine, un générateur, et voilà un moulin d’antan transformé en mini-centrale hydroélectrique.
En contexte de crise énergétique, de plus en plus de petites villes recourent à cette solution. A Goeulzin, ville de 1.300 habitants dans le Nord, c’est exactement ce qu’on a fait. Ce moulin du XVIe siècle transformé permet d’éclairer la nuit et de fournir l’électricité de la cantine, la mairie, l’école.
Un faible coût de production
Zéro euro de facture, plus de 70.000 euros d’économies par an pour un investissement d’un peu plus de 80.000 euros. La commune revend même une partie de sa production.
Les avantages sont nombreux, avec un meilleur bilan carbone de toutes les énergies qu’on connaît, puisqu’en plus d’être renouvelable, il n’y a aucune installation ou construction nécessaire. On part de sites déjà existants, ce qui limite l’impact écologique un coût de production très bas, très peu d’utilisations de matières premières.
De plus, elles sont très bien acceptées socialement car il n'y a pas d’impact visuel ou sonore, contrairement aux éoliennes par exemple. Une proximité absolue entre la production et la consommation du moulin au village qui l’abrite.
On ne va pas pour autant remplacer les centrales nucléaires. Il faut toujours garder en tête les ordres de grandeur quand on parle d’énergie.
Les estimations varient, mais selon la fédération française des associations de sauvegarde des moulins, la production potentielle serait de 900 MW, équivalente d’un réacteur de centrale nucléaire (il y en a 56 en France) et pourrait alimenter en électricité plus d’1 million de foyers.
C’est intéressant à l’échelle ultra locale, pour rendre une petite ville autosuffisante par exemple.
En matière d’énergie renouvelable, il n’y a pas la solution magique, il y a plein de pistes intéressantes à explorer qui, mises bout à bout, peuvent générer une quantité d’électricité non négligeable.
La piste de l'énergie de la mer
Une autre piste à explorer, c’est l’énergie de la mer, elle aussi largement sous-exploitée.
C’est l’une des ambitions du gouvernement. A l’occasion des assises de la mer qui se tenaient cette semaine, Emmanuel Macron a annoncé 200 millions d’euros d’investissement dans les hydroliennes.
Sous l’eau, il n’y a pas de vent, certes, mais il y a des courants marins, et c’est une source d’énergie très intéressante. Cela ressemble à une éolienne, un pylône avec une hélice, placée sous l’eau, qui va récupérer l’énergie des courants marins pour la transformer en électricité.
L’avantage, c'est que c’est invisible. Mais aussi, on a une production qui est beaucoup plus prévisible car les courants marins sont liés aux marées, donc à des phénomènes astronomiques qui sont immuables (la position de la lune et du soleil).
La France en pointe dans le domaine
La France est plutôt en pointe sur ce sujet. On peut citer le grenoblois Hydroquest qui souhaite installer sept hydroliennes dans la zone du Raz Blanchard, au large du Cotentin, où on trouve le courant marin le plus fort d’Europe.
Le potentiel hydrolien est estimé à 5 GW, environ l’équivalent de cinq réacteurs nucléaires. Alternative intéressante: l’énergie houlomotrice, de la houle. Autrement dit, il s’agit d’exploiter l’énergie des vagues.
De grosses structures flottantes de 20 mètres de long qui produisent de l’énergie à partir de la houle, des mouvements de la mer, et qui vont alimenter par exemple des plateformes pétrolières offshore ou des îles isolées.
Si on prend le potentiel total théorique des énergies marines renouvelables dans le monde, selon l’agence internationale de l’énergie, on est entre 20 et 90.000 TW/an, sachant que la consommation mondiale en électricité est de 20.000 environ.
Il s'agit donc d'un potentiel énorme. Ce qui est certain, c’est que la France a une énorme carte à jouer. Il faut rappeler qu’on possède le deuxième domaine maritime mondial derrière les Etats-Unis, grâce aux départements d’Outre-mer, à la Nouvelle-Calédonie, et à la Polynésie.