Fausses chansons, énormes gains: une incroyable arnaque sur les plateformes de streaming

Michael Smith, 52 ans, pensait avoir trouvé la martingale. Utiliser l’IA pour créer des milliers de chansons, les mettre sur les plateformes de streaming, et empocher les droits d’auteur. Idée géniale… mais parfaitement illégale. Si on entre dans le détail, c’est encore plus malin que ça. Première étape: créer les morceaux. Pas compliqué, il existe plein d’IA génératives spécialisées qui permettent de fabriquer une chanson ou une mélodie en quelques secondes. Pas des chefs d’œuvre, mais bon... Il utilise aussi l’IA pour trouver des titres et des noms d’artistes aléatoires. Ensuite, on met ces morceaux sur Spotify, Apple Music, Youtube…
Encore faut-il, pour que ça fonctionne, que des gens cliquent et écoutent ces chansons, sinon ça ne rapporte rien. Donc le monsieur a créé des milliers de faux comptes, utilisés pour écouter les morceaux en boucle de manière automatisée. Il arrivait à générer un peu plus de 600.000 écoutes (artificielles) par jour, donc 3.000 euros par jour et autour de 100.000 euros par mois. Résultat des courses au bout de six ans: près de 10 millions de dollars de gains empochés discrètement, avant de se faire rattraper par la patrouille. Point notable: l’arnaque a commencé en 2018, des années avant la montée en puissance de l’IA générative. De ce point de vue-là, les escrocs étaient précurseurs. Avis à ceux qui voudraient l’imiter: il vient d’être inculpé par un tribunal américain pour fraude en bande organisée et risque jusqu’à 20 ans de prison, même si lui se défend d’avoir fait quoi que ce soit d’illégal…
De faux livres inondent Amazon
Cela illustre bien toutes ces "cyber-escroqueries" rendues possibles par l’IA. La musique, c’est un exemple mais ce n’est pas le seul. On peut aussi parler du business des vrais/faux livres écrits par l’IA, qui ont déferlé depuis deux ans sur Amazon et qui deviennent un vrai problème. Un auteur comme Allan Trevor comptait 1.600 livres sous son nom, sur des thématiques allant de l’hypnose aux ovnis en passant par des livres de nutrition… Tout ça était complétement bidon. La recette est simple à appliquer et les petits malins s’en donnent à cœur joie: donnez deux ou trois éléments de scenario à ChatGPT, un ou deux personnages, demandez-lui "écris-moi une histoire"… Vous pouvez même préciser le nombre de pages qui vous arrange, le public que vous ciblez ou le message que le livre doit porter. Et vous avez un livre clé en main en quelques minutes, souvent de qualité médiocre. Il ne reste plus qu’à l’autopublier sur la boutique Kindle d’Amazon, qui peut même l’imprimer pour vous.
Romans, recueils de poèmes ou manuels techniques... Les abus sont tels qu’Amazon a instauré une limite: pas plus de trois livres publiés par auteur et par jour. C’est devenu un business, on trouve des dizaines de tutos en ligne qui vous expliquent étape par étape comment procéder. On peut même aller plus loin, et demander à une autre intelligence artificielle, MidJourney, d’illustrer le livre à notre place: à partir du texte, on vous fait des propositions de dessins, pour une histoire pour enfants par exemple. Un bouleversement complet pour le monde de l’édition. Et ce n’est qu’un début…
Que ce soit pour la musique ou pour les livres, il existe désormais des outils pour détecter que l’IA a été utilisée. Comme AI generative detector, qui donne pour chaque morceau de musique un "indice de confiance" sur le fait qu’il a été conçu par un humain ou non. Même chose pour les textes, avec des "détecteurs de ChatGPT". On peut citer Turnitin par exemple, un outil anti-plagiat. Le problème, c’est que ces outils ne sont pas complétement fiables… En retravaillant un tout petit peu les textes, on n’est plus détecté, et on peut passer entre les mailles du filet. Après le "fait maison" dans les restaurants et les boulangeries, peut-être verra-t-on bientôt apparaître sur les livres une mention "fait par un humain" comme gage d’authenticité...