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IA: 4 Français sur 10 craignent pour leur emploi face à ChatGPT et aux robots

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Les Français seraient parmi les plus pessimistes concernant leur remplacement dans le futur par des machines.

Les salariés français sont parmi les plus inquiets au monde face à la montée en puissance de l’intelligence artificielle. Selon une étude mondiale publiée ce mercredi, 4 Français sur 10 disent craindre que leur emploi ne soit remplacé par une machine. Mais a-t-on a raison de s’inquiéter ?

Selon cette étude du BCG, on est beaucoup plus inquiets que tous les autres pays interrogés, où l’optimisme est majoritaire : on voit l’IA comme une aide à la productivité et un gain de temps plus que comme une menace sur l’emploi. Est-ce qu’on a raison? Oui et non…

Qu’il y ait des suppressions d’emploi, c’est une certitude. D’ailleurs ça a déjà commencé : aux Etats-Unis, selon une étude réalisée sur 1.000 patrons, la moitié des entreprises auraient déjà intégré ChatGPT d’une manière ou d’une autre. Et un quart aurait déjà remplacé des tâches ou des salariés par l’intelligence artificielle.

Qu'est-ce qui est remplacé par les machines en entreprise?

Les usages les plus courants sont de remplacer le service client (l’IA répond aussi bien voire mieux que les humains), rédiger des comptes rendus de réunions, de documents, écrire des petites annonces de recrutement, écrire du code informatique. Avec la nouvelle version, baptisée GPT4, il suffit par exemple de lui montrer quelques notes manuscrites et de lui demander d’en faire un site internet. Et il est prêt en quelques secondes.

Les tâches administratives sont également concernées. Une entreprise comme IBM réfléchit à supprimer 30% de ses 26.000 employés administratifs et à les automatiser grâce à l’IA.

En demandant à ChatGPT de faire une liste de 20 métiers qu’elle va transformer ou remplacer dans les années qui viennent. En voici quelques-uns pêle-mêle : opérateurs de centres d’appels (replacés par des synthétiseurs vocaux), agent d’assurance pour les tâches de traitement d’analyse de risque, traducteur, comptable, photographe pour la retouche photo, technicien en laboratoire pour l’analyse des résultats médicaux… Entre autres…

Quels métiers seront préservés?

L’entreprise OpenAI, a l’origine de ChatGPT, a fait une liste de métiers qui ne seront –a priori- jamais touchés par l’IA. Il y en a 34. Ca va d’abatteur et emballeur de viande à coiffeur en passant par plombier, mécanicien, conducteurs d’engins (même si avec la conduite autonome…), mécanicien, couvreur…

Tous les métiers manuels, où il faut de la dextérité, mais aussi ceux où il faut de l’empathie ou du relationnel. On a longtemps cru que l’IA, et l’automatisation qui va avec, allaient surtout toucher en premier les emplois les plus manuels. Rien n’est plus faux. C’est même tout le contraire : selon une étude du Brookings institute, l’IA est 5 fois plus susceptible d’avoir un impact sur les métiers exercés par un diplômé d’université. L’IA insiste sur le fait que dans beaucoup de cas, elle ne va pas forcément remplacer les humains mais les forcer à réinventer ces métiers.

Le métier d'avenir? "Dresseur" d’intelligence artificielle

Et puis l’IA va aussi créer de nouveaux métiers. Certains sont déjà très recherchés, des débouchés très intéressants pour les futurs étudiants.

Si votre petit dernier cherche son orientation, retenez bien ce nom : "prompt engineer". C’est LE métier tendance du moment et ce n’est pas près de s’arrêter. Certains traduisent ça par "dresseur d’intelligence artificielle".

"Engineer" c’est ingénieur, et ce qu’on appelle les "prompt", ce sont les textes qu’on entre dans ChatGPT quand on lui pose une question. Vous allez me dire, ça, tout le monde est capable de le faire. En théorie, oui. En réalité, pas vraiment.

Le "prompting" demande un vrai talent si on veut tirer le maximum de ces intelligences artificielles. De poser la bonne question, la bonne suite de mots, la formulation parfaite afin d’obtenir une réponse optimale, précise, pour une tâche spécifique. Les salaires vont de 40 à plus de 300.000 euros par an, les candidatures ne devraient pas manquer.

Et ce qui est très intéressant, c’est que pour une fois dans la tech, les profils littéraires sont avantagés. Sans même parler des chercheurs en IA et des data scientists et data analysts, dont la valeur va encore s’accroître dans les années qui viennent, on peut citer le métier de "psydesigner", mélange de psychologue et de designer, celui qui conçoit la personnalité de l’intelligence artificielle pour améliorer ses échanges avec les humains. Alexa ou Siri ont une personnalité, une voix particulière, une façon de répondre, un vocabulaire spécifique. On peut aussi citer les chief AI ethics officers, "éthiciens de l’IA" en français, qui sont censés garantir que l’IA soit développée en suivant certains codes moraux… Mais lesquels? Telle est la question!

Anthony Morel (édité par J.A.)