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La livraison de colis par drone se généralise

Se faire livrer des colis par drone, ça fait quelques années qu’on en parle, mais dans certains pays c’est déjà devenu une réalité. Aux Etats-Unis, ça concerne plusieurs millions de personnes et c’est moins gadget que ça n’y paraît.

Amazon, Google, UPS travaillent sur le sujet depuis des années. Cette semaine, c’est le géant de la distribution américain Walmart qui a dévoilé son tout nouveau programme de livraison par drone. Mais plus qu'un sujet d'étude, c'est une véritable révolution que propose la marque puisque ce programem sera disponible pour 4 millions de foyers américains.

Le principe : se faire livrer un colis contenant des courses (jusqu’à 5 kilos, donc des petites courses, notamment quand on a oublié un truc) mais ça peut aussi être un café, une pizza ou encore un poulet rôti. On passe commande, le paquet est chargé sous le drone dans une sorte de nacelle. Le drone est piloté à distance par un opérateur et en moins de 30 minutes, il arrive au domicile du client. Il ne reste plus qu’à déposer le paquet en le faisant descendre via une sorte de filin, comme une canne à pêche.

Pour les zones isolées

Soyons clairs : dans les villes ça ne sert à rien. D’abord pour des questions de réglementation, car c’est totalement interdit pour l’instant, mais aussi de sécurité: on ne sait pas où les faire atterrir. Ils ne vont quand même pas taper à la fenêtre. Mais dans les zones rurales, parfois difficiles d’accès et mal desservies, c’est une piste qui est très intéressante, pour livrer des courses, mais aussi des médicaments par exemple.

En France, La Poste teste elle aussi des drones facteurs, pour acheminer les colis dans les zones les plus isolées. Un drone capable de porter des charges de 3 kilos à 30 km/h. Deux lignes sont ouvertes, dans le Var, et en Isère, entre deux communes distantes de 3 km à vol d’oiseau. En montagne, il faut huit minutes aller-retour pour le drone, contre une demi-heure pour un livreur humain. On voit bien l’intérêt qui est d’accéder rapidement aux zones isolées ou difficiles d’accès.

Pour livrer des médicaments

Ce n’est pas juste se faire livrer son café ou sa pizza parce qu’on a la flemme : on peut aussi s’en servir pour livrer des médicaments ou même des organes en urgence d’un hôpital à un autre. Le drone, c’est un outil idéal : ça va très vite, ça n’est pas embêté par le terrain accidenté, et ça permet de se rendre dans des zones inaccessibles en voiture. La Suisse est, par exemple, le premier pays à autoriser la circulation de drones autonomes au-dessus des zones urbaines pour livrer des prélèvements sanguins et des échantillons médicaux.

La ville de Bordeaux est aussi très en pointe sur le sujet avec une initiative qui s’appelle Drones for Life: des quadricoptères équipés d’une petite sacoche isotherme qu’on va pouvoir remplir de médicaments, d’échantillons biologiques, d’une trousse de premiers secours à envoyer sur un lieu d’accident. Le but va être de gagner du temps par rapport aux ambulances, qui peuvent être prises dans les embouteillages, notamment aux heures de pointe.

Attention aux oiseaux

Un autre problème avec les drones de livraison, c’est qu’il arrive qu’ils se fassent attaquer dans une sorte de remake des Oiseaux de Hitchcock à la sauce high tech. A tel point que Google, qui opère ces drones, a dû suspendre ses opérations en Australie. On a vu des vidéos assez impressionnantes circuler sur internet ces derniers jours de drones de livraisons attaqués par des corbeaux, qui leur foncent dessus -assez courageusement, car les appareils sont beaucoup plus gros qu’eux et font pas mal de bruit. La fréquence des attaques serait liée au fait qu’on est en pleine saison de nidification : tout ce qui s’approche du territoire du corbeau est considéré comme un ennemi. Mais c’est aussi peut-être tout simplement parce que comme dans la fable de La Fontaine, "Maître corbeau par l’odeur alléché", fonce sur le drone pour tenter de lui voler sa cargaison.

A noter que ce n’est pas la première fois qu’on assiste à ce genre d’interaction. A tel point d’ailleurs que certaines forces de police veulent utiliser des aigles pour intercepter les drones intrus, qui survolent les centrales nucléaires, et frôlent parfois les avions de ligne. Des oiseaux spécialement dressés pour reconnaître et intercepter les drones. Finalement l’expérience a été arrêtée: trop imprévisibles. Sans compter que l’entraînement coûtait très cher en drones, puisque les aigles sont tellement puissants qu’ils les détruisent quasiment à chaque essai.

Anthony Morel (avec MM)