Satellites, drones, caméras... Comment l'Intelligence artificielle vient en aide aux pompiers

Face à la menace des incendies, les pompiers s'appuient désormais sur l’Intelligence Artificielle. En quelques jours, plusieurs incendies importants ont rappelé que le danger est toujours présent. Et face à la progression des flammes, la promesse de pompiers "augmentés" grâce à des caméras, des drones, des satellites, ou des logiciels en secours.
L’objectif : anticiper, détecter, prévoir. Dans le Gard, le SDIS 30 s'appuie désormais sur une combinaison de caméras thermiques, d’IA et de cartographie 3D. Des caméras qui scannent environ 233 km² par minute.
En Dordogne, d'autres caméras permettent aux pompiers de gagner "plusieurs minutes" sur les départs de feu. Même modèle en forêt d’Indre-et-Loire, douze caméras intelligentes détectent la moindre fumée à 20 km à la ronde. L’image remonte instantanément au centre d’opérations des pompiers.
L’IA ne fait pas que voir, elle prévoit. En effet, elle apprend à faire la différence entre un nuage, un barbecue ou un début d'incendie. Mais aussi à anticiper la trajectoire du feu, à jauger la distance et les besoins humains précis.
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Un moyen de mieux anticiper
Selon le commandant Eric Brocardi invité de RMC ce mercredi matin, l’Intelligence Artificielle analyse même les appels. Elle analyse, elle filtre le son autour de la personne qui appelle, elle détecte les bruits alentour, pour évaluer l’urgence.
Il s'agit aussi d'aider les pompiers sur le terrain. Dans le Gard ou dans l’Aude, les drones dotés de caméras thermiques repèrent les points chauds, cartographient les obstacles, aident à sécuriser la progression des troupes au sol.
Les modèles prédictifs analysent les vents, la météo, l’orientation d’un feuillage même, la topographie. Cela permet de "prendre des décisions beaucoup plus vite” explique un responsable des pompiers “et de façon plus sûre. C’est une aide à la décision en temps réel”.
Dans le Finistère, neuf points stratégiques de caméras IA, surveillent 91% des zones à risque 24h/24. Dans l’Hérault, un avion d’observation embarque un outil IA du CNRS, pour simuler en direct la propagation du feu.
On guide les pompiers au sol depuis l’Espace aussi. En effet, Google a déployé une constellation de satellites consacrés à la prévention des feux de forêts. Moins connu, OroraTech, un fabricant de satellites, croise les images, calcule grâce à l'IA et envoie des alertes quasi-instantanées. L'assureur AXA se sert de l'Intelligence Artificielle aussi pour scanner des cartes satellites, analyser les données au sol et calculer les risques en temps réel.
Un risque d'augmentation des mégafeux
Les pompiers s'en remettent à la technologie. Et ça va au-delà de l’IA. Un exosquelette mis au point par l’Université d’Aix-Marseille a été testé cet été. Un exosquelette, c'est une armature externe qui soutient le corps et soulage l’effort physique."On gagne 20 % d’aisance", disait un officier marseillais il y a deux semaines.
Et si on compte autant sur l'innovation et le progrès technique pour lutter contre les mégafeux, c’est parce qu’ils sont appelés à se multiplier. On prédit une augmentation de 30 % des surfaces sensibles aux feux d’ici à 2040.
Les pompiers se répètent souvent cette formule: "Il faut un verre d’eau pour éteindre un feu une minute après son départ, un seau deux minutes après, une cuve trois minutes après. Ensuite, c’est l’aérien". L'enjeu, c'est donc la rapidité de réaction. C'est une course contre la montre. Intervenir avant que les flammes n’aient le temps de s'étendre.