RMC
Tech

Taxer les achats sur Internet pour sauver les petits commerces? Ca fait débat sur RMC

placeholder video
1 euros sur chaque colis livré à domicile:  le maire de Cannes propose de taxer chaque achat sur internet pour soutenir les petits commerces de proximité et redynamiser les centres-villes qui ont tendance à se vider.

Comment redynamiser les commerces de proximité? Le maire LR de Cannes, David Lisnard, pense avoir la réponse: mettre à contribution le commerce en ligne, par un prélèvement de 1 euro sur les achats avec livraison à domicile, dont devra s'acquitter le client. 

Objectif: baisser de 10% la taxe foncière des commerces de moins de 400 m2. 

Concrètement, c'est bien la personne qui passe la commande qui devra s'acquitter de la taxe. Il serait alors incité à "changer de comportement" pour se tourner vers les commerces de proximité. 

"Soit vous cliquer sur une livraison à domicile et vous payez un euro, soit vous demander que ce soit apporté à un commerce de proximité, un "point relais", et là, vous ne payez pas cette taxe" explique David Lisnard sur RMC.

"C'est utile, c'est éthique"

Une "taxe 1 euro" qui pourrait, dans les faits, s'inspirer du prélèvement de la TVA ou de la taxe de séjour. Mais les grandes enseignes de la vente en ligne comme Amazon, Alibaba ou encore Cdiscount joueraient-elles le jeu? Accepteraient-elles de faire payer 1 euro de plus aux clients, au risque de les dissuader de leurs achat? Ou intégreraient-elles cet euro dans leur prix, en rognant sur leurs marges? David Lisnard est confiant. Selon l'élu, les e-commerçants, devant "l'éthique" de la démarche, ne pourront que jouer le jeu. 

"Je connais bien les entreprises du numérique, avec qui on travaille, et aujourd'hui, ils bénéficient d'une situation fiscale très préférentielle, mais ils savent très bien qu'il faut participer au bien commun. Et il suffit que l'on se rende compte que c'est utile, que c'est éthique. Et techniquement, il n'y a aucune difficulté" précise l'élu.

"Les géants du Net auront très vite fait de trouver la parade"

De son côté, Jean-Claude Delorme, de la Fédération des commerces de centre-ville, reste très sceptique vis-à-vis de cette taxe qui, reversée, permettrait de récolter 335 millions d'euros: 

"Ce sera très facile de faire payer les quelques commerçants qui font un petit volume de ventes en ligne, mais les géants du commerce sur le Net, comme Amazon, auront très vite fait de trouver la parade. Et on le sait bien. Si c'est uniquement les sites français, ça n'aura pas une grande portée, puisqu'il suffit qu'Amazon mette son site de vente au Luxembourg et le tour est joué"

La création d'une "fiscalité commerciale locale équitable" fera l'objet d'un amendement, qui sera présenté lors de la seconde partie de l'examen du Projet de Lois et Finances 2019, examen qui a commencé ce mardi. Le taux de vacance commerciale en centre-ville, en dehors de l’île de France, a presque doublé en 15 ans.

Jean-Baptiste Bourgeon & XA