Un père obtient la reconnaissance de la responsabilité d'Instagram dans le suicide de sa fille

Il est surnommé "le père courage". Ian Russell était le père de Molly, une jeune fille de 14 ans sans histoire. Elle vivait avec ses parents dans une maison de la banlieue de Londres, et en novembre 2017, après un dîner familial tout à fait normal, elle est montée dans sa chambre et s’est suicidée. Les parents n'avaient rien vu venir, juste constaté que depuis un an, elle était moins joyeuse et un peu renfermée.
Pour comprendre, le père Ian a voulu explorr les activités de sa fille sur les réseaux sociaux. Un parcours du combattant parce que son compte WhatsApp avait été fermé. Instagram a longtemps refusé de lui donner la liste de tous les sites que Molly visitait. Mais finalement, il a eu accès à ses historiques et ce qu’il a découvert est effrayant.
Une spirale infernale de destruction de soi via les réseaux sociaux
Sa fille avait consulté, en six mois, plus de 2.000 pages consacrées à la dépression, au suicide ou aux mutilations, qui revenaient sans cesse sur son fil d'actualité. Des messages qui minaient sa confiance, son image d'elle-même. Elle avait aussi un faux compte Twitter intitulé “j’en n'ai plus rien à foutre” sur lequel elle a lancé des appels à l’aide. Elle écrivait sur les réseaux sociaux ce qu’elle ne parvenait pas à dire à ses parents.
Ian Russell est alors parti en guerre contre ces réseaux sociaux. Il a compris qu'Instagram et les autres fonctionnent par algorithme. Lorsque sa fille a commencé à consulter des sites sur la dépression, elle a été bombardée de liens et de suggestions lié à ces sujets. À 14 ans, elle s’est enfermée dans cette spirale infernale.
Un combat en justice, les réseaux sociaux reconnus responsables
Ian Russell a poursuivi en justice Meta, la maison mère de Facebook et d’Instagram, et Pinterest, les accusant d'avoir plongé sa fille dans un "ghetto du monde en ligne" à travers les algorithmes. La justice lui a donné raison. Un juge britannique vient de conclure que les contenus en ligne avaient contribué à la mort de Molly et que ces contenus n’auraient pas dû être accessibles à une enfant. C’est la première fois en Grande-Bretagne que la responsabilité des réseaux sociaux est engagée dans la mort d’un mineur.
Dans une interview donnée ce jeudi, Ian Russell estime que les géants d’internet devraient être passibles de peines de prison pour les obliger à réagir et à contrôler ce qu’ils diffusent.