Tsunami, dix ans après: "On est resté des heures à attendre la mort"

Commémoration du tsunami de décembre 2004, ce vendredi en Thaïlande. - AFP
C'était il y a tout juste dix ans. Le 26 décembre 2004, au lendemain de Noël, un tsunami balayait les côtes de l'Indonésie, du Sri Lanka, du sud de l'Inde et de l'ouest de la Thaïlande. Un phénomène provoqué par un tremblement de terre de 9,3 sur l'échelle de Richter, dans les profondeurs de l'Océan indien - l'un des plus violents séismes jamais enregistrés au monde.
Environ 220 000 personnes sont mortes dans 14 pays de l'Asie au cours de ce qui reste l'une des pires catastrophes naturelles jamais enregistrées. Jérémy Kopaniak, un auditeur de RMC, se trouvait en Thaïlande au moment du drame, avec des amis. Il nous avait fait vivre, en direct, la catastrophe.
"Quittez l'aéroport tout de suite!"
Ce vendredi, le jeune journaliste est revenu, en direct sur RMC, sur cette journée, gravée à jamais dans sa mémoire.
"Nous étions en vacances, tout simplement, comme la majorité des gens qui étaient sur place, a-t-il raconté ce vendredi. Au moment de la première alerte, on était à l’aéroport, puisque l’on était sensé partir de Phuket à ce moment-là. Et l’aéroport a été évacué. Une hôtesse a levé les bras et a hurlé : ‘Quittez l’aéroport tout de suite!’"
"Big wawe! Big Wawe!"
Le plus dur à gérer à ce moment-là, c’était le chaos. Personne ne savait vraiment ce qu’il se passait, a-t-il encore expliqué:
"On avait ressenti une petite secousse, mais rien de très grave. On ne savait pas trop ce qu’il se passait, si les autorités étaient au courant ou pas, a repris le journaliste, aujourd’hui âgé de 36 ans. En tout cas, on a été évacué sur le tarmac de l’aéroport, à ne pas savoir quoi faire… Un thaï, qui parlait anglais, m’a fait un signe de la main en forme de vague, en me disant : ‘Big wawe! Big wawe! Quand je lui ai demandé quand, il m’a répondu maintenant, et quand le lui ai demandé où, il m’a dit ici!"
"On a compris que l'on ne s'en sortirait pas"
Jérémy et ses amis ont pu s’échapper, in extremis.
"Nous avons couru vers les taxis, il ne restait qu’un seul taxi! On lui a demandé de nous emmener à l’endroit le plus haut qu’il connaissait. On est arrivé en bas d’une petite colline, mais les voitures étaient les unes devant les autres… Les voitures n’avançaient plus, alors tout le monde descendaient des voitures et commençaient à marcher très vite pour grimper sur la colline."
Ils arrivent, complètement paniqués, à se hisser en haut de la colline.
"On nous a dit : ‘une première vague est arrivée, il y en a une deuxième qui arrive ! La première faisait dix mètres, la seconde faisait douze mètres. Et il y a une troisième vague qui va arriver, qui va faire 40 mètres! ‘ On a compris que l’on ne s’en sortirait pas…"
"On est resté des heures à attendre la mort"
Et le pire restait à venir pour Jérémy.
"Et cette vague, on nous l’a annoncée toutes les demi-heures, pendant huit heures… C’est-à-dire qu’on est resté jusqu’à 18 heures, jusqu’à ce que le gouverneur de Phuket lève l’alerte, à attendre la mort… On ne savait pas quand la vague allait arriver, ni de quel côté elle allait arriver… Cette vague n’est, heureusement, jamais arrivée…"
À Phuket, en Thaïlande, les vagues ont tué plus de 8.000 personnes, dont de nombreux touristes.