Ukraine: des négociations entre les Etats-Unis et la Russie pour "éviter la guerre"

Des négociations entre les Etats-Unis et la Russie ont commencé dimanche soir à Genève au sujet de l’Ukraine. L’enjeu, c’est d’éviter une dangereuse escalade. On pourrait même dire que l’enjeu, c’est d’éviter une guerre. Le secrétaire général de l’OTAN affirme que le risque d 'un conflit est réel. Le secrétaire d’Etat Américain Antony Blinken parle d’un risque de "confrontation". Les Russes posent leurs conditions pour "éviter la guerre". Tout le monde est d’accord pour dire que la situation est explosive.
C’est l’avenir de l’Ukraine qui est au centre de toutes ces tensions. C’est l’épicentre de cette nouvelle guerre froide. La Russie a déjà annexé une partie importante de son territoire, la Crimée. La Russie soutient les indépendantistes pro-Russes à l’est du pays. Elle entretient ainsi depuis huit ans la seule guerre qui se déroule actuellement sur le territoire européen.
Mais, surtout la Russie vient de masser environ 100.000 soldats à la frontière de l’Ukraine. C’est énorme et c’est ce qui rend crédible la menace d’une invasion de l’Ukraine…
Pourquoi la Russie est-elle aujourd’hui, aussi menaçante ? Parce que Poutine a décidé d’inverser le cours de l’histoire. Il veut que la Russie retrouve son statut de superpuissance et retrouve sa zone d’influence.
Depuis la chute du mur de Berlin, tous les anciens pays communistes du pacte de Varsovie ont progressivement basculé dans le camp occidental en adhérant à l’OTAN. La Pologne, la République tchèque, la Hongrie, la Roumanie, la Bulgarie. Mais plus insupportable encore pour les Russes, des anciennes républiques de l’URSS ont aussi rejoint l’OTAN. C’est le cas des trois pays baltes, la Lituanie, l'Estonie et la Lettonie. Et deux autres anciennes républiques soviétiques aspirent à rejoindre l’OTAN, la Géorgie et l’Ukraine.
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Poutine dit "stop"
Vladimir Poutine, aujourd’hui, dit "stop". Il veut faire reculer les Américains en Europe. Il a fait parvenir sa liste d’exigences aux Américains à la mi-décembre, sous la forme d’une lettre déposée à l’ambassade américaine à Moscou.
Il demande que l’OTAN s’engage formellement à mettre un terme à son élargissement. C’est-à-dire à ne pas intégrer l’Ukraine ni la Géorgie. Que l’OTAN ne développe plus ses bases militaires dans les anciennes républiques soviétiques, c'est-à-dire dans les pays baltes. Que l'Amérique renonce à tout déploiement de missiles de portée intermédiaire à l’est de l'Europe.
Voici nos exigences, disent les russes, pour "éviter la guerre"… Les négociations sur ces demandes ont donc commencé dimanche à Genève entre Russes et Américains. Elles vont se poursuivre ce lundi, puis mercredi à Bruxelles dans le cadre de l’OTAN. Des compromis sont possibles. Mais un scénario beaucoup plus inquiétant est également possible.
La lettre des Russes aux Américains disait bien que faute d’accord diplomatique, le Kremlin aurait recours à des actes militaires. Et les Américains ont répondu sur le même ton en disant dimanche qu’en cas d’invasion de l’Ukraine, les Etats-Unis et leurs alliés répondraient par des mesures économiques, financières… et autres. Et autres, cela veut bien dire militaires.
Et les Européens dans tout cela ? Et bien, ils sont hors-jeu. Totalement hors-jeu. Et c’est principalement Poutine qui l’a voulu ainsi… Les Russes l’ont justifié en des termes humiliants pour les Européens. Le chef de la délégation à Genève a expliqué que l’Union européenne ne faisait pas partie des discussions pour éviter le "verbiage".
Il y a quelques années, la France et l’Allemagne avaient été en pointe dans les négociations sur le dossier ukrainien. C’est terminé. Désormais, la question se traite dans un tête à tête entre Russes et Américains. Comme aux plus grandes heures de la guerre froide…