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Un an d'intervention française en Centrafrique: "Il n'y a ni normalisation, ni transition"

Il y a un an commençait l'opération "Sangaris".

Il y a un an commençait l'opération "Sangaris". - AFP

Il y a an commençait "Sangaris", intervention de l'armée française visant à casser une spirale de violences intercommunautaires née du renversement du régime de François Bozizé en mars 2013 par une coalition rebelle à dominante musulmane, la Séléka.

Sangaris, un an après. En Centrafrique, les 2 000 soldats français impliqués dans l'opération vont peu à peu laisser la place aux 8 600 hommes de la Minusca, les casques bleus de l'ONU. Les soldats resteront en appui de la Minusca, mais les effectifs réduiront à mesure que les soldats de l'ONU se déploient. En avril 2015, les troupes onusiennes seront pleinement déployées.

Il y a un an, les soldats français de l'opération Sangaris arrivaient en urgence dans les rues de Bangui. Le matin du 5 décembre 2013, la capitale centrafricaine se réveillait plongée dans une flambée de violences intercommunautaires. D'un côté, les milices anti-balaka, groupe d'auto-défense chrétien. De l'autre, les ex-rebelles de la Séléka arrivés au pouvoir quelques mois plus tôt après un coup d'état.

12 mois plus tard, les soldats français ont "fait le job", estime le général Eric Bellot de Minières, commandant de Sangaris. Selon lui, une sécurité minimale a été rétablie en enrayant la spirale des violences et en permettant le retour des ONG et un semblant d'administration.

Les soldats français "ont fait le job"

Sur place, si à Bangui, la capitale, la situation est stable depuis quelques semaines, l'insécurité règne toujours dans la majorité des villes et des villages. Les attaques inter-communautaires se poursuivent. Au début du mois encore, des dizaines de civils ont été massacrés à coup de machettes dans le centre du pays. Il y a eu des incidents également il y a quelques jours à Bambari, à l'est de Bangui.

Thierry Dumont est chef de mission pour Médecins Sans Frontière. Il est à Bangui. Il y a 1 an, les ONG restées sur place parlaient de situation humanitaire catastrophique.

"La situation est très préoccupante", souligne-t-il. Tous les indicateurs sont au rouge. La malaria tue énormément d'enfants et des gens en général. Il y a une instabilité et une impunité qui est généralisée. Il n'y a ni normalisation, ni transition.

"On doit considérer que cette opération est un échec", regrette Alain Marsau, député UMP des français de l'étranger. "On attendait les Européens et l'ONU. Les Européens ne sont jamais venus, l'ONU a envoyé quelques bataillons qui ne tiennent pas le terrain. Il n'y a que la France et cela dépasse très largement nos capacités. Il faut en tirer les conséquences. Peut-on mener de front une opération au Mali, en Centrafrique, et maintenant en Irak?"

Paris voulait à l'origine une intervention brève, mais a dû revoir ses plans et souhaite se désengager, en raison à la fois du coût de l'opération et des besoins en hommes sur d'autres théâtres, notamment au Sahel pour lutter contre les groupes jihadistes.

E.B.