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Un élu parisien part en croisade contre les mariages blancs

A Paris, Jean-Manuel Hue, adjoint au maire du 15ème arrondissement, lutte contre les mariages blancs

A Paris, Jean-Manuel Hue, adjoint au maire du 15ème arrondissement, lutte contre les mariages blancs - AFP

Les Républicains ont déposé en début d'année une proposition de loi réclamant un renforcement de la lutte contre les mariages blancs. A Paris, dans le 15ème arrondissement, un homme a décidé de lutter contre ces mariages. Il s'agit de Jean-Manuel Hue, l'adjoint au maire en charge de la citoyenneté, qui a mis au point une technique pour débusquer les faux amoureux.

Les députés du groupe Les Républicains sont en guerre contre les mariages blancs. En début d'année, ils ont déposé, par le biais de Philippe Goujon (maire du 15ème arrondissement de Paris), une proposition de loi réclamant un renforcement de la lutte contre ce type d'union frauduleuse. Ce texte, cosigné par une soixantaine de députés de droite, rappelle notamment que le mariage en France est la voie royale pour la naturalisation (50% des acquisitions de la nationalité française se fait par le biais du mariage, ndlr).

Alors que de nombreux élus constatent une hausse des mariages blancs (à Dijon, la semaine dernière, une filière a été démantelée) ou en tout cas des tentatives d'union frauduleuse, à Paris, un homme a décidé de lutter contre ces mariages. Jean-Manuel Hue, adjoint au maire du 15ème arrondissement en charge de la citoyenneté, a mis au point une technique pour débusquer les faux amoureux : il épluche avec minutie chaque dossier.

"Les enquêtes de police confirment ce que j'avais subodoré"

Des conjoints qui ne sont pas français ou sans papiers, des couples qui ont une grande différence d'âge… Depuis 2006, Jean-Manuel Hue a procédé à près de 900 auditions et démasqué bon nombre de mariages blancs. Et le rituel est toujours le même, cet élu reçoit les couples tôt le matin dans son bureau. Les futurs mariés sont interrogés l'un après l'autre, la voix est imposante, les questions sont précises et très rapidement Jean-Manuel Hue arrive à se faire une opinion.

"Lorsque les réponses sont totalement discordantes cinq ou six fois de suite, ma conviction est que j'ai un mariage blanc qui est en train de se dérouler sous mes yeux. Je le bloque en transmettant le dossier au parquet et, en règle générale, les enquêtes de police confirment ce que j'avais subodoré", souligne l'adjoint au maire.

"Un marché extrêmement lucratif"

Dans le 15ème arrondissement de Paris, un mariage blanc se négocie 15.000 euros. Une partie sert à rémunérer le faux conjoint de nationalité française et le reste (la majorité de la somme, ndlr) est empoché par des filières de mieux en mieux organisées. "C'est un marché extrêmement lucratif. Certaines personnes ont des dossiers de mariage à plusieurs endroits, assure Jean-Manuel Hue. Donc c'est filières n'aiment pas beaucoup ce que nous faisons parce que nous cassons leur business".

Cet élu a d'ailleurs déjà été agressé et menacé à de nombreuses reprises. Mais son travail commence à être connu et plusieurs mairies lui ont demandé de les former pour débusquer les mariages blancs. "Beaucoup de mes collègues commencent à prendre conscience de ce phénomène, qui explose selon moi depuis 2-3 ans", affirme-t-il avant de s'emporter: "Est-il normal que des personnes, des témoins réapparaissent dans d'autres arrondissements? Que des interprètes bidon circulent? Il faut lutter contre ces filières et mettre fin à ce système qui dégrade notre République".

Maxime Ricard avec Stéphanie Collié