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Une ONG dénonce les violences policières: "Le sentiment d'une absence totale de justice"

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TEMOIGNAGES - L'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (Acat) dénonce le "manque de transparence" des autorités au sujet des violences policières et lance lundi une campagne de mobilisation pour "briser le silence".

Cela fait quatre ans que Farid se bat pour connaitre la vérité sur la mort de son frère. Que s'est-il passé cette nuit de la Saint Sylvestre, cette nuit où Wassim a lancé une pierre sur une voiture de police? "A partir de là, les policiers le rattrapent, l'interpellent et c'est toute une zone d'ombre jusqu'à sa mort", témoigne-t-il ce mardi sur RMC. "Le dossier médical indique des fractures. De plus des témoins disent qu'il a été tapé. Il y avait 25 policiers et pas un seul n'a une égratignure. C'est mon frère qui s'est retrouvé avec des fractures donc que s'est-il passé?"

Au total, Wassim passera 9 jours dans le coma avant de mourir. Mais les policiers présents ce soir-là ne seront pas sanctionnés. Car selon l'ONG Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (Acat), l'histoire de Wassim est loin d'être un cas isolé. Ce lundi, l'ONG a publié une enquête de 18 mois afin de dénoncer le "manque de transparence" des autorités au sujet des violences policières. Elle s'est penchée sur 89 cas de blessures graves et de décès à la suite d'interventions de police entre 2005 et 2015.

"Inacceptable"

Premier enseignement: le recours à des armes comme le taser et le flashball a entraîné un nombre important de blessures graves. Au moins 1 mort et 39 blessés graves à cause de tirs de Flashball depuis 2005, dont 21 ont perdu l'usage d'un œil. C'est pourquoi l'ONG a lancé ce lundi une campagne de mobilisation pour "briser le silence". "Quand condamnation il y a, elles sont relativement faibles par rapport aux faits reprochés", accuse Aline Daillère, membre de l'Acat.

"On a par exemple des peines de six mois de prison avec sursis pour un homicide involontaire. C'est inacceptable pour les victimes et les familles de victimes qui ont le sentiment d'une absence totale de justice", poursuit-elle. Aujourd'hui, c'est la police des polices qui est en charge des enquêtes policières. L'ONG réclame donc au ministère la création d'un organe indépendant pour pouvoir les effectuer.