Utilisateurs d'AirBnb ou Drivy dans l'œil du fisc: "Si on me demande des comptes, je me mettrai en règle"
Le fisc se lance à la chasse aux revenus. A partir de vendredi prochain, les acteurs de l'économie collaborative comme AirBnb ou Drivy seront tenus de faire parvenir à leurs utilisateurs une fiche d'information sur la législation fiscale applicable aux revenus perçus après avoir loué son appartement sur AirBnb par exemple. Cette fiche informative sera envoyée aux utilisateurs à partir du 1er janvier 2017 pour les inciter à déclarer ces revenus et récapitulera le montant des sommes perçues. Car de nombreux usagers de ces services collaboratifs passent sous silence ces fonds. C'est le cas de Guillaume qui gagne jusqu'à 3.000 euros par an en louant sa voiture à des particuliers.
"Moi je considère que ce n'est pas un revenu professionnel et que donc à ce titre là je ne le déclare pas dans ma catégorie de revenus professionnels. Il y a un flou artistique, j'attends que les choses se décantent un petit peu. Désormais j'aurai la feuille, si jamais on vient me demander des comptes, je me mettrai en règle", concède-t-il.
Désormais avec ce formulaire, les particuliers ne pourront plus dire qu'ils ne connaissaient pas le montant de leurs revenus. Mais pour Paulin Dementhon, fondateur de la plateforme Drivy, cette mesure reste floue. "On sème un peu la panique en disant attention, vous allez devoir recevoir vos récapitulatifs de revenus mais on ne dit pas aux gens comment déclarer ces revenus et comment calculer son bénéfice. C'est très anxiogène, on a beaucoup d'appels au service client qui nous demandent des clarifications qu'on n'est pas en mesure de donner", regrette le chef d'entreprise.
"On ne gagne pas des mille et des cent"
Les utilisateurs de ces plateformes devaient théoriquement déjà déclarer leurs revenus avant la mise en place de cette obligation d'information mais avec cette incitation, Sébastien, qui a mis en location une chambre depuis 4 mois sur AirBnb hésite à tout arrêter.
"Grâce à AirBnb depuis 4 mois on a réussi à prendre presque 800 euros. On ne gagne pas des mille et des cent et on les réinjecte dans l'économie. Je trouve qu'on paye assez d'impôts comme ça en France", regrette-t-il.
Le directeur de AirBnb France Nicolas Ferrary concède que selon les services de ces plateformes, la fiscalisation peut être vécue comme une injustice. "Je trouve ça normal que quand on gagne de l'argent en louant son logement on doive le déclarer. Mais dans le covoiturage on parle de partage de frais, ça me paraît moins évident. Je me méfie des règles générales sur ce qu'on appelle l'économie collaborative. Je pense qu'il faut plutôt regarder cas par cas", estime-t-il.
Mais pour l'avocat fiscaliste Thibault Bravard, le contrôle de l'Etat sur cette économie qui génére chaque année des millions d'euros ne va pas s'arrêter là. "L'Etat a besoin de trouver des ressources un peu partout et on peut imaginer que c'est un manque à gagner qui lui est insupportable. La nouvelle fiche d'information s'inscrit selon lui dans une démarche plus large de l'Etat qui risque de s'intéresser de plus près à ceux qui dégagent des revenus de ces services: "bien évidemment, les contrôles vont s'intensifier".