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Vent debout contre la prime de 1 000 euros

« Le réveil de la politique » du lundi au vendredi à 5h50 sur RMC, avec Véronique Jacquier

« Le réveil de la politique » du lundi au vendredi à 5h50 sur RMC, avec Véronique Jacquier - -

Le ministre du Travail, Xavier Bertrand, a annoncé dimanche qu'une loi créant une prime pour les salariés des entreprises versant des dividendes à leurs actionnaires pourrait voir le jour "avant l'été". Patronat, syndicats et économistes s'insurgent contre cette prime de 1 000 euros.

Patronat, syndicat et économistes s'opposent tous à la prime de 1 000 euros qui devrait être versée aux salariés. Pourtant, le gouvernement est déterminé à aller jusqu'au bout. Hier soir, le ministre du Travail Xavier Darcos a même passé la vitesse supérieure en annonçant la création d'une loi. "Je pense qu'il faut une partie législative pour dire: si les dividendes augmentent, il faut donc qu'il y ait une prime pour les salariés". Il a d'ailleurs précisé qu'elle "pourrait être prise avant l'été".

Pour une fois, patronat et syndicats sont d'accord !

Le ministre a tenu à souligner que la mesure sera obligatoire pour les entreprises dont les dividendes des actionnaires progressent. Mais il ne s'est pas aventuré sur le chiffre de 1 000 euros. Les modalités seront discutées au sein de chaque entreprise. Cette somme pourrait donc prendre la forme de prime directe, d'intéressement ou même de prime de participation. Ce dispositif apparaît dors et déjà assez compliqué: syndicats et patronat vont continuer à s'arracher les cheveux car il existe déjà des dispositifs de rémunération complémentaire: intéressement, participation, actionnariat... Mais pourquoi le gouvernement veut-il toucher aux dividendes des actionnaires ? C'est un geste politique pour calmer l'exaspération des salariés face aux distributions colossales de dividendes faites dans certains groupes. Et pour une fois, patronat et syndicats sont d'accord ! Le patronat n'aime pas l'interventionnisme de l'état dans les entreprises. D'ailleurs, un chiffre fait réfléchir : seul 16% des PME versent des dividendes à leurs actionnaires. Les syndicats, de leur côté, critiquent l'aspect inégalitaire de la mesure : il n'y aura de prime ni pour le service public, ni pour les entreprises de moins de 50 salariés, ni pour les sous-traitants qui participent à la création de la valeur ajoutée d'une société.

"Nicolas Sarkozy se donne le beau rôle"

Sur ces points de litige, Xavier Bertrand reconnait que pour les entreprises qui ne sont pas concernées, les salaires devront bouger. Quant au service public, le ministre du Travail rappelle que l'heure est à la réduction des déficits : ce n'est pas le moment d'imaginer des compensations financières. Selon le Journal Les Echos de ce lundi, le ministère des Finances veut même poursuivre le gel des salaires des fonctionnaires. On peut alors se demander où le gouvernement veut-il en venir en persistant avec cette prime pour les salariés. En 2007, Nicolas Sarkozy avait déclaré qu'il souhaitait "être le président du pouvoir d'achat". Il fait donc la même chose pour 2012. D'ailleurs, demain mardi, il retourne dans les Ardennes, à Charleville-Mézières, où il avait fait son premier grand discours de campagne en 2007. L'occasion bien évidemment d'évoquer cette fameuse prime aux salariés. En coulisses, un proche du chef de l'Etat insiste sur le fait qu'elle sera examinée au parlement en juin. Grâce à cette prime, le Président souhaite reprendre la main sur la question du pouvoir d'achat au moment où les prix du gaz et de l'essence s'envolent. La CFDT, du coup, accuse le gouvernement de populisme alors que la CGT et FO réclament de véritables augmentations de salaires. Quoi qu'il en soit, c'est aux entreprises de payer et à un an de l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy se donne le beau rôle...

Ecoutez le « Réveil de la politique » de ce lundi 18 avril sur RMC avec Véronique Jacquier et Fabien Crombé :

Véronique Jacquier