WWF épingle 25 entreprises françaises qui impactent le plus les écosystèmes mondiaux

Pascal Canfin, directeur général de WWF France - Capture écran RMC Découverte
La grande distribution nuit gravement à l'environnement. C'est ce qu'a démontré mercredi la branche française de WWF dans une étude sur la biodiversité. Plus précisément, WWF a dressé la liste de 25 entreprises françaises qui impactent le plus les écosystèmes mondiaux à travers leur chaîne d’approvisionnement. Parmi celles-ci, des géants de la grande distribution comme Carrefour, de l’agroalimentaire comme Danone, du pétrole comme Total ou de la construction comme Bouygues. D'après le WWF, elles garnissent trop souvent leurs rayonnages avec des produits dont les matières premières détruisent l'environnement.
Concrètement, WWF a dressé deux listes : d'abord, celle des 16 produits, comme le soja, le bois, les produits de la pêche et de l'agriculture, dont la culture ou la production ravagent les écosystèmes et épuisent les ressources naturelles. Puis, une seconde liste pointant les 25 entreprises françaises qui achètent et revendent le plus ces matières premières. "Ce qu'on ne connaît pas nécessairement, c'est que l'économie française, par le biais de ces 25 entreprises listées, a un impact extraordinaire sur l'ensemble des écosystèmes", alarme sur RMC Pascal Canfin, directeur général de WWF France.
"Des labels existent, il n'y a pas d'excuse"
Et d'énumérer quelques exemples: "Lactalis est le premier acheteur de lait au monde; Sodexho est le leader de la restauration collective dans le monde avec 75 millions de repas servis par jour; Michelin est le deuxième acheteur de caoutchouc au monde; Carrefour est le deuxième groupe mondial de distribution… On a donc dans l'économie française des leaders mondiaux sur des filières les plus impactantes pour l'environnement".
Pour autant, le WWF ne veut pas seulement pointer les fautifs du doigt. Le but: engager le dialogue avec ces entreprises pour améliorer leur comportement. "Cette liste n'est pas un classement pour dire 'Les bons, c'est untel. Les mauvais, c'est untel'. Notre objectif est d'abord d'interpeller sur cette responsabilité collective de ces entreprises", assure Pascal Canfin. Et de souligner: "Celles-ci sont une partie du problème mais si elles transforment leurs achats, leurs chaînes de valeurs, elles peuvent contribuer à être une partie de la solution en achetant par exemple des produits certifiés sans déforestation. Ils se trouvent que de tels labels existent. Il n'y a donc pas d'excuse".
Des partenariats et dialogues en cours
"C'est pourquoi le WWF liste ces entreprises pour ensuite aller dialoguer avec elles, poursuit l'ancien ministre délégué au Développement. C'est par exemple le cas avec Carrefour avec qui nous avons passé un partenariat pour transformer les achats d'huile de palme, de soja et de poisson. Nous avons aussi un partenariat très intéressant avec Michelin pour créer la première certification au monde d'hévéa garanti zéro déforestation". WWF s'est aussi associé avec "Sodexho pour les achats de matières premières du type soja, coton, huile de palme…" et "Bouygues pour les éco-quartiers en France".
"Nous avons aussi des dialogues pour améliorer les pratiques une dizaine des 25 entreprises listées, indique Pascal Canfin, dans Bourdin Direct. Mais, il y a encore une dizaine d'entre-elles qui sincèrement s'en moquent. C'est notamment le cas du groupe Bolloré, actionnaire majoritaire de l'entreprise Socfin qui déforeste à tour de bras dans les bassins du Congo. A tel point que Socfin ne peut plus être financé par la Banque mondiale tellement ses standards sont mauvais."