Yazidis d’Irak: "Ils ont tué mon mari, mon bébé est mort dans mes bras"

"J'ai perdu mon mari, mon bébé est mort dans mes bras", confie Gulistan, réfugiée Yazidie à Sheria, au nord de l'Irak, le 13 août 2014. - RMC
Sheria, petit village au pied des montagnes. Ici, il n'y a rien ou presque. Ni camp, ni organisation humanitaire. Les Yazidis sont installés dans des bâtiments en construction, abandonnés. Et quand l'eau arrive, une fois par jour, ils affluent.
"Je l'ai porté jusqu'à la frontière"
Hossein, sa femme et ses quatre enfants dorment sur des tapis, à même le sol. Un peu plus loin, dans un autre bâtiment en ruines, trente personnes d'une même famille se partagent une pièce vide. Tous Yazidis, ils ont fui la province de Sinjar pour ne pas être massacrés par les terroristes. Gulistan, elle, est arrivée seule.
"Ils ont tué mon mari. J’ai fui dans les montagnes avec mon bébé, mais il est mort", témoigne-t-elle, la voix étranglée par l’émotion. "Il faisait tellement chaud, je n’avais plus de lait à lui donner. Il est mort dans mes bras. Et je l’ai porté jusqu’à la frontière syrienne pour l’enterrer", ajoute la jeune femme.
"Pourquoi Obama ne nous sauve-t-il pas?"
Ces réfugiés ont marché des heures, et des jours entiers dans la montagne aride avant d'arriver à Sheria. Ils ont tout perdu: leur maison, leurs terres et surtout leurs proches. Zyad, lui, a laissé ses grands-parents derrière lui. "On n’a plus d’espoir. Dans mon village, j’ai vu de mes propres yeux les terroristes kidnapper nos femmes, décapiter nos hommes et tuer nos enfants", raconte-t-il. "C’est bien Barack Obama qui dirige le monde, non? Alors pourquoi ne nous sauve-t-il pas?", s’indigne-t-il.
Les Etats-Unis, ainsi que la France, ont envoyé de l'aide humanitaire et des armes aux peshmergas. Mais les réfugiés attendent plus, beaucoup plus. Comme Gulistan, 35.000 Yézidis ont dû fuir par les montagnes après la prise de Sinjar, leur bastion. Des centaines d'entre eux sont encore pris au piège, sans eau ni nourriture.