Zyed et Bouna: "Il y a une justice pour les blancs et une autre pour les non-blancs"
Le tribunal correctionnel de Rennes a relaxé lundi les deux policiers poursuivis pour non-assistance à personne en danger après le drame de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) qui, en 2005, avait entraîné la mort de deux jeunes de 15 et 17 ans, Zyed et Bouna, électrocutés dans un transformateur EDF. Pour rappel, ces décès avaient provoqué trois semaines de révoltes dans les banlieues françaises. Pour exprimer leur "dégoût" après la relaxe des deux policiers, 300 à 400 manifestants se sont réunis lundi soir sur le parvis du TGI de Bobigny.
"Comment peut-on les relaxer?"
Interrogée par RMC, Endéla, habitante de Bobigny, se dit révoltée. Pour elle, la décision de justice est le signe que le racisme est bien présent dans les institutions: "Il y a une justice pour les blancs et une autre pour les non-blancs. Les preuves sont accablantes. Quand un flic dit 'Je ne donne pas cher de leur peau' et qu'on n'appelle pas au secours, qu'on ne fait rien, comment peut-on les relaxer?".
Un sentiment d'injustice mais aussi beaucoup de colère, essentiellement contre la police. Et cette colère s'exprime par des mots forts: "Police assassin"; "Police partout, justice nulle part" ont été régulièrement scandés au cours du rassemblement. Amal Bentoutsi, membre du collectif "Urgence notre police assassine", est encore plus vindicative.
"La police n'est jamais condamnée"
Selon elle, dans les quartiers populaires les forces de l'ordre agissent en toute impunité: "La police violente, la police tabasse mais la police n'est jamais condamnée. Ce n'est pas possible !" Du côté du syndicat "Alliance police", cette haine est injustifiée comme l'explique son porte-parole, Jean-Claude Delage: "La justice a tranché avec des expertises. Tout le monde doit la respecter".
A noter qu'à la fin de la manifestation, une bousculade a eu lieu entre les CRS qui protégeaient le palais de Justice et des personnes présentes. Joint par RMC, le directeur de cabinet du préfet a précisé: "Il y a eu quelques mouvements de foule, mais pas de violence". Les manifestants ont quitté les lieux encadrés par une quarantaine de CRS.