INFO RMC. McDonald's, Apple, Leclerc: comment les adolescents ont dépensé leur argent en 2024?

300.000 jeunes, âgés de 10 à 18 ans, possèdent une carte bancaire Pixpay. - Pixpay
Où est-ce que les adolescents ont dépensé leur argent au cours de l'année 2024? C'est la question centrale de la cinquième édition de l'étude sur les habitudes de consommation des adolescents réalisée par Pixpay, et consultée en exclusivité par RMC Conso.
L'entreprise commercialise des cartes bancaires pour des enfants dès l'âge de 10 ans. "Carte de paiement N°1 des ados" selon la banque en ligne, elle est aujourd'hui détenue par près de 300.000 adolescents.
L’enquête s'est basée sur les données des utilisateurs français de Pixpay du 1er janvier au 31 décembre 2024 sur 16,4 millions de transactions réalisées par des adolescents âgés de 10 à 18 ans. Celles-ci ont été complétées par des données des instituts de sondage Bilendi et poll&roll.
Les dominantes: supermarché et fast-food
Le premier constat de l'étude, c'est l'augmentation du montant des dépenses des adolescents en 2024. Le panier moyen s'élève à 14,1 euros, soit une hausse de 2% par rapport à 2023, et il grimpe à 98,7 euros par mois, soit une hausse de 2% également.
Pour autant, "il y a l'effet de l'inflation à ne pas négliger et surtout, la fréquence des dépenses par mois reste stable", précise à RMC Conso Caroline Ménager, co-fondatrice de Pixpay.
En effet, comme l'année dernière, les adolescents dépensent en moyenne sept fois par mois.
Et où dépensent-ils? Un tiers de leurs dépenses sont effectuées dans la catégorie supermarché et alimentation (31%). Ensuite, 15% dans les fast-food, 7% dans les vêtements et accessoires et 6% dans les ordinateurs et l'informatique.
Voici le classement des marchands les plus fréquentés et leurs paniers moyens:
- Apple: 4,7 euros
- McDonald's: 10,4 euros
- E.Leclerc: 17,1 euros
- Carrefour City: 4,9 euros
- Monoprix: 6,1 euros
- Sncf: 10,4 euros
- Intermarché: 9,7 euros
- PlayStation: 13 euros
- Carrefour: 10,7 euros
- Auchan: 9,8 euros
Pour la première fois, McDonald's est détrôné par le géant du numérique Apple. Dans ce classement, on retrouve six groupes agro-alimentaires parmi les dix marques les plus populaires.
Voici le top des marques avec le taux de pénétration le plus élevé:
- McDonald's: près d'un ado sur deux y est allé au moins une fois en 2024 (47%)
- Apple: près d'un ado sur trois y a fait une dépense (31%, incluant l'Apple Store)
- Shein: plus d'un ado sur quatre y a consommé au moins une fois (28%)
- Action: plus d'un ado sur quatre y a dépensé (26%)
- E.Leclerc: près d'un ado sur quatre y est allé au moins une fois (23%)
- Amazon: près d'un ado sur quatre y a fait une commande (23%)
Autre constat en termes d'usages: 45% des paiements se font via smartphone chez les adolescents. Il y a deux ans, en janvier 2023, seuls 28,7% des paiements étaient réalisés depuis un smartphone.
"À la différence d'une carte bancaire, les adolescents n'oublient jamais leur téléphone. Ils l'ont toujours sur eux, c'est très pratique. Et maintenant, les paiements par smartphone sont acceptés partout", explique Caroline Ménager.
Des différences filles-garçons
Deuxième constat saillant: les filles et les garçons ne dépensent pas dans les mêmes enseignes. Les adolescentes dépensent d'abord en supermarché et alimentation (31%), ensuite en fast-food (14%), en vêtements et accessoires (9%) puis en restaurants (5%).
Les marques préférées des filles et leurs paniers moyens:
- Apple: 3,91 euros
- Shein: 24 euros
- Monoprix: 6 euros
- Carrefour City: 4,8 euros
- McDonald's: 9,7 euros
- E.Leclerc: 17,2 euros
- Intermarché: 9,5 euros
- Vinted: 19,2 euros
- Sncf: 9 euros
- Burger King: 10,1 euros
En comparaison du classement global, de nouvelles enseignes apparaissent chez les filles: Shein, Vinted, qui représentent les budgets les plus élevés, et Burger King.
Du côté des garçons, alors qu'ils dépensent aussi en supermarché et alimentation (30%) et en fast-food (15%), ils consomment cependant dans les ordinateurs et l'informatique (8%) et les jeux vidéo (5%).
Les marques préférées des garçons et leurs paniers moyens:
- Apple: 4,9 euros
- PlayStation: 13,3 euros
- Google: 5,6 euros
- Carrefour City: 5,2 euros
- Intermarché: 9,9 euros
- Monoprix: 6,2 euros
- McDonald's: 10,8 euros
- E.Leclerc: 16,8 euros
- UberEats: 20,6 euros
- Burger King: 11,4 euros
Par rapport au classement général, d'autres marques interviennent dans les dépenses des garçons: Google, PlayStation et UberEats, qui sont les deux dépenses les plus importantes.
"Les résultats sont très clairs et ne font ressortir que des grandes marques. Il faut avoir en tête que la situation financière des adolescents est souvent compliquée. Comme ils n'ont pas de gros budgets, ils privilégient des marques pas chères. Mais ils arrivent aussi à concilier le prix avec les questions éthiques et écologiques, comme dans le cas de Vinted", analyse la co-fondatrice de Pixpay.
Et il existe également des différences dans les dépenses des adolescents, selon les régions. Par exemple, les adolescents corses sont les plus dépensiers avec 119,5 euros par mois en moyenne. Dans la fourchette haute, il y a également la région PACA (111,1 euros), l'Ile-de-France (103,6 euros), l'Occitanie (102,6 euros) et l'Auvergne (102,4 euros).
Les plus économes sont les adolescents normands qui dépensent 88,9 euros par mois en moyenne. Il y a aussi le Centre Val de Loire (90,9 euros), les Hauts de France (91,5 euros), la Bretagne (92,1 euros) ou encore la Bourgogne (93,5 euros).
Une éducation à la consommation mitigée
Dernier constat de l'étude: l'éducation des adolescents à la consommation est encore à faire. Pourtant, c'est l'objectif principal de Pixpay qui apprend à l'adolescent à mieux gérer son budget et à mettre de côté.
96% des parents estiment avoir un rôle majeur à jouer dans l'éducation à la consommation de leurs enfants. Mais pour autant, 14% ne les habituent pas à comparer plusieurs marchands avant d'acheter, 19% d'entre eux ne leur apprennent pas à ne pas se laisser influencer par les promotions et 27% des parents n'ont pas appris à leur adolescent à regarder les prix au kilo au supermarché.
De même dans la transmission d'une consommation responsable. 21% des parents n'encouragent pas les adolescents à réduire leur consommation, 17% ne les habituent pas à essayer de réparer avant de racheter et 30% ne leur apprennent pas à privilégier l'achat de produits durables, de seconde main ou reconditionnés. Et ils sont 38% à ne pas apprendre à leurs enfants à se questionner sur l'impact environnemental de leurs achats.
Finalement, ils sont autant à cautionner les achats de leurs adolescents chez des marques de fast-fashion, de fast-food et sur les plateformes mondialisées. Parmi eux, 13% des parents trouvent même cela très bien.
"Les enfants n'apprennent pas cela à l'école. Face à ce sujet, les parents peuvent se sentir désemparés et pas complètement conscients. Même s'il existe déjà l'empreinte carbone des achats avec Greenly, de nouvelles fonctionnalités vont arriver prochainement sur l'application. L'adolescent recevra après son achat un message lui demandant s'il avait vraiment besoin de son achat, s'il pouvait le réparer etc.", détaille Caroline Ménager.
Une épargne encore timide
Ce manque d'éducation à la consommation a deux principales conséquences. D'abord, les demandes de rallonge d'argent de poche: 58% des filles en ont déjà demandé une et 51% chez les garçons.
Et plus ils grandissent, plus ils sont prompts à demander des rallonges: à 15 ans, ils sont 62%, 66% à 16 ans et 67% à 17 ans.
Enfin, ils sont seulement 12,5% à avoir une méthode d'épargne activée sur leur application Pixpay et stockent en moyenne 115 euros dans leur coffre-fort numérique. Pour autant, 17% d'entre eux ont réussi à atteindre le montant d'un de leur projet.
"Les jeunes ont des difficultés à se motiver pour mettre de l'argent de côté. Il y a une vraie pédagogie à faire et il faut pousser les usages", conclut la co-fondatrice de Pixpay.