"C'est surréaliste!": sollicitées par l'Etat pour fabriquer des masques, des PME françaises abandonnées avec des millions de stocks

Erigés en héros durant la crise, les fabricants de masques français ont désormais du mal à écouler leur production et se sentent même lâchés par le gouvernement.
Au plus fort de la crise du coronavirus, alors que l’Etat s’aperçoit qu’il n’a pas suffisamment de masques pour protéger la population et garantir les gestes barrière, un effort est demandé aux entreprises française du textile pour qu’elles se mettent à fabriquer des masques.
Environ 45 entreprises du textile s’organisent dans la région Auvergne-Rhône-Alpes pour fabriquer ou vendre 5 millions de masques. A ce moment-là il y a urgence. Les collectivités locales et des grosses entreprises passent commande, sauf que, depuis, les commandes de l’Etat sont arrivées d'Asie et tout le monde arrive à se procurer des masques à moindre coût.
"Je ne trouve pas les mots pour qualifier cette situation totalement surréaliste"
Les commandes à ces 45 entreprises s’effondrent. Ou sont carrément annulées. Elles accumulent donc les stocks. Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, il est déjà déploré 450.000 invendus et des stocks de tissus censés en fabriquer 14 millions.
Hervé Tiberghien, PDG d’Alpex Protection, une entreprise qui fabrique des textiles techniques à Saint-Chamond dans la Loire, était l'invité de RMC ce vendredi matin pour évoquer cet imbroglio.
"Le robinet asiatique semble s'être réouvert donc aujourd'hui la situation est catastrophique, on en a 800.000 en stocks. Je ne trouve pas les mots pour qualifier cette situation totalement surréaliste.
On a demandé un effort considérable à notre profession pour se substituer aux achats asiatiques. On l'a fait et maintenant on se retrouve dans cette situation dramatique. Sur le long terme, si rien n'est fait, on va se retrouver avec le problème si il y a une nouvelle pandémie."
"On ne peut pas demander à la filière de se mobiliser et la laisser tomber deux mois plus tard", déplorait mercredi dans Les Echos Pierric Chalvin, délégué général d'Unitex. "Au plus fort de la crise, l’Etat nous a mis une grosse pression, maintenant il doit prendre ses responsabilités et racheter nos stocks invendus" dit un autre patron, inquiet des conséquences de la crise.
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