Faut-il un congé parental de deux mois pour chaque parent? Ça fait débat sur RMC
Le Parlement européen vient de voter le texte sur "l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée des parents". Il prévoit notamment la mise en place d’un droit au congé parental de deux mois pour chaque parent, non transférable, rémunéré à un "niveau adéquat" pour permettre un "partage plus équilibré des responsabilités dans les familles". Les pays membres de l’Union européenne ont 5 ans pour l’appliquer.
Concrètement, en France, ça voudrait dire qu’en plus du congé maternité de 16 semaines et du congé paternité de 11 jours, chacun des deux parents auraient le droit de prendre deux mois supplémentaires.
Non transférables, ça veut dire que le papa ne pourrait pas donner ses droits à la maman. Il s’arrêtera deux mois comme maman. Le tout, rémunéré à un montant "adéquat".
"Une belle idée qui peut coûter très cher et finir par être insoutenable"
Le terme est volontairement flou dans le texte européen pour permettre à chaque Etat de fixer le montant. Au départ, le texte prévoyait une rémunération à hauteur d’au moins 50% du salaire, comme pour les congés maladie, mais la France s’y est opposée. Trop cher: plus d'1,6 milliards d’euros par an selon les calculs d’Emmanuel Macron qui s’est exprimé à ce sujet devant le Parlement européen l’an dernier.
"Je pense qu’il faut avoir une ambition égalitaire, aller beaucoup plus loin. J’en approuve totalement le principe mais les congés parentaux payés au niveau de l’indemnité maladie journalière, c’est une belle idée qui peut coûter très cher et finir par être insoutenable. En France, nous allons réformer le congé, en particulier, les congés parentaux pour le conjoint qui, aujourd'hui, ne peut pas en bénéficier ou en bénéficie beaucoup moins".
La France a donc 5 ans pour fixer le montant de cette rémunération. Il faudra dans tous les cas qu’il permette une "meilleure répartition des responsabilités". L’idée est d’en finir avec des systématismes.
Aujourd'hui, en France, c’est la maman qui s’arrête de travailler. En 2017, seuls 6% des congés parentaux étaient pris par des papas. Il faut dire que le congé parental n’est rémunéré qu’à hauteur de 396€ par mois maximum.
Dans une majorité de couple, le père gagne 35% de plus que la mère. Le calcul est donc vite fait. Pour perdre le moins de revenus possible, c’est la maman qui prend le congé parental.
"Une question d'égalité des droits en fonction du sexe, mais aussi de la reconnaissance"
Pour casser ça, il faut absolument arriver à un niveau de rémunération plus conséquent, selon la porte-parole d’Osez le féminisme, Raphaëlle Rémy-Leleu.
"C’est à la fois une question d’égalité des droits en fonction du sexe, mais aussi de la reconnaissance de la charge que représente le foyer, l’éducation des enfants, la reprise d’une vie normale après un accouchement, qui est aussi une épreuve physique, doit pouvoir être partagée à égalité. Ce partage à égalité, permet également de baisser la tension, de baisser le poids qui pèse sur les femmes et qui participe de leur discrimination dans le monde du travail".
Certains de nos voisins appliquent déjà des taux de rémunération bien plus importants. En Islande et en Suède, c’est entre 75% et 80% du salaire. Et même jusqu'à 100% au Portugal. Dans ces trois pays, les papas sont aussi nombreux que les mamans à prendre un congé parental.
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