"J'ai été laxiste avec l'aîné, j'ai été dépassée": ados addicts à Tiktok, pression sociale et parents désarmés

La commission d’enquête parlementaire sur les effets psychologiques de Tiktok a présenté sur RMC son rapport et ses préconisations pour lutter contre l'addiction des adolescents au réseau social chinois, accusé de répandre de fausses informations et de parfois même les pousser au suicide.
Au menu, la création d’un délit de négligence numérique pour les parents irresponsables, délit puni de 2 ans d'emprisonnement et 30.000 euros d’amende. Le rapport préconise également l’interdiction des réseaux sociaux avant 15 ans, ainsi que l’extension de la pause numériques au lycée et l’instauration d’un couvre-feu numérique entre 22h et 8h pour les moins de 18 ans.
Des mesures pour les adolescents mais aussi pour les parents parfois dépassés par les réseaux sociaux et ce qu'en font leurs enfants: "J’ai été compréhensive voire laxiste avec mon aîné, je pensais maîtriser mais on est vite dépassé", témoigne ce jeudi sur RMC Story Aurélie, mère de famille. Pour son second enfant en revanche "c'est totalement interdit".
"Quand on commence à être un peu ferme, ils comprennent, comme lorsqu’on commence à lâcher, c’est difficile de revenir en arrière", ajoute Aurélie.
Un contrôle parental difficile à mettre en place
De nombreux parents avouent ne pas réussir à contrôler le temps d'écran de leurs enfants: "Pendant les vacances, ma fille de 15 ans se réveillait et allait sur son téléphone, sur Instagram ou Tiktok, pendant 30-45 minutes en restant au lit", raconte Andjey qui salue les recommandations des députés mais s'interroge sur leur faisabilité.
Stephen lui, a presque tout essayé: "J’ai mis des contrôles parentaux à ma fille, mais les jeunes sont pleins de ressources, se prêtent des téléphones. J’ai beau lui expliquer que ce n’est pas bon pour son cerveau, que cela compromet même son avenir mais nous n’avons pas toutes les clés en tant que parents".
Avec les recommandations de la commission d'enquête parlementaire, "les parents pourront s'appuyer dessus pour imposer des règles de vie", prédit Laure Miller, députée EPR de la Marne et rapporteur de la commission. "On a des parents dépassés qui doivent négocier avec leur enfant, c'est difficile d'interdire", reconnaît-elle.
Le réseau social favori des jeunes
Une loi pour tous permettrait d'éviter la pression sociale qui pèse sur les adolescents. C'est le cas de Slim, chauffeur poids-lourd dans l'Aveyron qui a cédé aux demandes de son fils, pressé par ses amis du lycée: "Cela fait 2 ans que mon fils me demande un smartphone et Tiktok. Il est rentré en Seconde et sous la pression sociale des camarades, j’ai cédé hier", reconnaît-il.
Alexis, cheminot dans le Nord et père de 3 enfants de 17, 14 et 12 ans a trouvé la parade: "Ils ont tous un téléphone avec internet mais ils ont le contrôle parental. On leur a expliqué les dangers et ils les ont bien compris. Et quand leurs copains leur demande pourquoi ils ne peuvent pas aller sur Tiktok, ils leurs disent d'aller directement me chercher".
Tiktok est le réseau social le plus utilisé par les adolescents. Près de trois-quarts des 12/15 ans assurent consulter la plateforme chinoise au moins une fois par jour. Et ils y passent en moyenne près d’1 heure 30. Avec des conséquences parfois dramatiques comme le suicide d'adolescents embarqués dans un algorithme de vidéos suicidaires.