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"Il faut nous aider, sinon en 2050, c'est fini": le "cri d'alarme" d'un collectif d'agriculteurs non-politisé

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Vers la fin de l'agriculture française telle qu'on la connaît en 2050? C'est le cri d'alerte que porte ce jeudi matin sur RMC le maraîcher Benjamin Devos. Avec d'autres agriculteurs, ils interpellent les citoyens et demandent une prise de conscience collective sur la situation de l'agriculture en France. Insistant sur l'aspect non-politisé, ni syndiqué de leur démarche.

Une conférence de presse est organisée ce jeudi à Paris par une vingtaine d’agriculteurs du bassin parisien. Une conférence de presse pour alerter et dresser un terrible constat. Selon eux, si rien n’est fait, l’agriculture française pourrait disparaître à l’horizon 2050.

"Notre cri d’alarme, c’est que si aujourd’hui, il n’y a pas une prise de conscience collective d’ici une génération, on ne connaîtra pas l’agriculture telle qu’on la connaît aujourd’hui”, appuie Benjamin Devos, maraîcher en Seine-et-Marne, à l’origine de ce collectif.

“On interpelle surtout les Français, les citoyens qui ont un pouvoir et on lance aujourd’hui un cri d’alarme, un cri du cœur. Nous sommes un groupement d’agriculteurs, très homogène. On a des céréaliers, des betteraviers, moi, je suis maraîcher, on a des éleveurs aussi", détaille-t-il

Le parti-pris : L'agriculture française en voie de disparition ? - 11/09
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"On est en déclin"

Invité ce jeudi matin sur RMC, il assure qu’une prise de conscience collective est nécessaire pour faire bouger les choses. "Si aujourd’hui on n’a pas cette prise de conscience, c’est parce que les rayons de nos supermarchés sont fournis. Mais ils sont fournis avec quoi? Avec une très très grande majorité de produits d’importation alors qu’il y a 20 ans, on était la deuxième puissance agricole mondiale. Aujourd’hui, on est passé au 6e rang. On est en déclin", explique-t-il.

Quelques chiffres attestent de ce constat. En effet, aujourd'hui 56% de la viande ovine consommée en France est d'origine importée, un poulet sur deux consommés en France est importé, et 28% de la consommation de légumes et 71% de la consommation de fruits sont importés.

Un collectif non-politisé et hors syndicats

D’autant que ce collectif, contrairement à ce que l’on a connu en 2024 avec les blocages et les manifestations d'agriculteurs, ne veut pas uniquement interpeller les politiques, ni s'appuyer sur des syndicats agricoles.

"L’idée, c’est de ne pas politiser le débat. On a tout le temps, quand on a des problèmes agricoles, des clivages gauche-droite. Là, ce n'est pas le but de la manœuvre. Aujourd'hui, c’est une démarche citoyenne, humaine.

"Il faut privélégier l'origine France. Si on a un élan très fort de la part du consommateur qui est prêt à consommer beaucoup plus d’origine France contrôlée et de qualité, on aura derrière les moyens, il faudra nous aider et on sera au rendez-vous", assure-t-il.

"On a trop de charges"

Et pour ça, il faut réduire les charges selon lui. "Il faut qu’on nous donne les moyens de produire moins cher. Moi, je serai le plus heureux de vendre ma marchandise deux fois moins chère. Mais aujourd’hui on a trop de charges. On a des coûts qui explosent", déplore Benjamin Devos.

Il alerte également sur la situation des exploitations françaises dont certaines pourraient ne plus exister dans quelques années. "La moitié des agriculteurs vont partir en retraite d’ici 2030 et ces exploitations ne seront pas reprises ou remplacées", estime-t-il, notant à regret que même ses filles, pourtant issues du milieu rural donc, ne voit que peu d'avenir dans la profession.

Guillaume Descours Journaliste RMC