Reconfinement, couvre-feu... Pourquoi tout pourrait "aller extrêmement vite" dès ce week-end

Pour le moment, l'Elysée affirme qu'aucune prise de parole du chef de l'Etat n'est prévue dans les prochaines heures à moins d'une aggravation soudaine de la situation.
Reconfinement... ou pas? Un énième conseil de défense Covid-19 se tient mercredi à l'Elysée. Il ne devrait pas déboucher sur l'annonce redoutée d'un troisième confinement, le gouvernement se laissant quelques jours pour trancher sur de nouvelles restrictions acceptables pour les Français.
Et l'ambiance sera grave à l'Elysée où l'état très précis de la situation sanitaire sera présenté à Emmanuel Macron. Sur la base de ces éléments scientifiques, chaque ministre présentera ensuite ses propositions préparées en vue déjà d'un troisième confinement.
Le couvre-feu suffisant?
"Le couvre-feu est-il suffisant ou pas? C'est la question que l'on se pose", résume un conseiller de l'exécutif. Pour y répondre, le gouvernement attend de pouvoir examiner les résultats de deux études d'impact: l'une sur le couvre-feu à 18H, l'autre sur la progression des variants du virus.
À l'éducation nationale, Jean-Michel Blanquer veut tout faire pour éviter la fermeture des écoles, Bruno Le Maire pour éviter celle des commerces.
Mais pour l'heure, les proches du Président expliquent qu'aucune prise de parole d'Emmanuel Macron n'est envisagée du moins sauf catastrophe inattendue sur le plan de l'épidémie, car "nous attendons toujours l'impact du couvre-feu à 15 jours et les conclusions d'une nouvelle étude flash sur la présence des nouveaux variants".
Des résultats attendus vendredi et samedi. En coulisses certains évoquent la convocation d'un nouveau conseil de défense dès ce week-end, "si les chiffres sont mauvais, tout ira alors extrêmement vite" prévient un conseiller de l'exécutif.
Le variant anglais représente 10% des cas en Ile-de-France
Les prochains jours seront donc "décisifs", a prévenu une source gouvernementale. La France "reste dans une période ambigüe où la situation sanitaire se dégrade mais pas de manière exponentielle", résume un cadre de la majorité. En témoigne l'évolution des données quotidiennes de l'épidémie: le nombre de patients hospitalisés a continué d'augmenter mardi, à 27.005, dont 2.006 malades arrivés au cours des précédentes 24 heures. 3.071 se trouvaient dans les services de réanimation contre 2.829 une semaine plus tôt, selon Santé publique France.
Par ailleurs, 352 décès supplémentaires ont été répertoriés à l'hôpital au cours des dernières 24 heures, portant le nombre total de morts causées par l'épidémie à 74.106 en France, soit nettement moins qu'au Royaume-Uni, à la population comparable, qui a été mardi le premier pays européen à passer la barre des 100.000 morts du Covid.
Le variant anglais, particulièrement contagieux, a représenté 9,4% des cas dépistés en Ile-de-France entre le 11 et le 21 janvier, selon des médecins de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), pour qui sa progression augure d'une prochaine hausse "très significative" du nombre de malades.
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Comment défendre un reconfinement?
Pour tenter de limiter sa propagation, le conseil de défense pourrait examiner de nouvelles restrictions pour les déplacements internationaux, alors que l'Allemagne a annoncé mardi envisager, comme Israël, de réduire "presque à néant" le trafic international aérien à destination de son territoire. Le gouvernement se penchera aussi sur les "clauses de revoyure" fixées à la fin du mois, comme celle sur les stations de ski, Jean Castex devant recevoir les élus et professionnels de la montagne lundi prochain.
L'hypothèse d'un nouveau confinement a pris de l'épaisseur ces derniers jours sur la base des déclarations alarmantes de certains experts, comme le professeur Jean-François Delfraissy, président du conseil scientifique.
S'il devait être finalement décidé prochainement, un troisième confinement ne serait ni comme le premier, au printemps 2020, ni comme le deuxième, à l'automne, "car on en a tiré des enseignements", précise un membre du gouvernement. Il s'interroge d'ailleurs sur l'opportunité de l'appeler encore "confinement" au cas où les restrictions permettraient de garder les écoles en activité et les commerces ouverts avec un protocole sanitaire strict.
Le Pr Delfraissy a avancé l'idée de saisir les vacances scolaires de février "comme une opportunité" pour "décider de fermer les écoles trois semaines au lieu de deux, et de confiner sur cette période". Il s'agit d'une "décision politique", a-t-il cependant précisé. Au total, près de 1,2 million de personnes (1.184.510 précisément) ont reçu une première dose du vaccin depuis le début de la campagne lancée à la toute fin décembre.
L'acceptabilité des mesures est devenue une question centrale pour de nombreux responsables politiques, préoccupés par les émeutes qui se sont produites aux Pays-Bas depuis l'entrée en vigueur d'un "simple" couvre-feu samedi. "Si nous sommes contraints de mettre en place un nouveau confinement, il faudra avoir les bons mot pour l'expliquer et défendre sa mise en oeuvre", prévient un conseiller de l'exécutif.
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