Confinement: vers une contagion de la désobéissance?
Quand le gouvernement prendra t-il la décision d'un potentiel troisième confinement ? Quand, mais aussi avec quelles conséquences ? Car au sein même de la majorité, de plus en plus de députés se posent la question de l'acceptabilité d'un nouveau serrage de vis alors qu'on demande aux Français de faire des efforts depuis bientôt un an.
Les Français en ont ras le bol, ils sont au bout du rouleau. Certains ont des idées noires. Les témoignages que ramènent les députés de leur circonscription sont chaque semaine de plus en plus alarmants. Selon Bruno Bonnell, député En Marche du Rhône, avec un troisième confinement, le gouvernement prendrait le risque de la désobéissance.
"On a des petites soirées qui s'organisent avec plus ou moins la limite. Je pense que c'est cette contagion de la désobéissance qui est à risque. Socialement c'est très difficile à accepter ce que l'on vit. La frustration est énorme."
A l'époque des "gilets jaunes", la coupe était beaucoup moins pleine qu'aujourd'hui
Jean-Michel Fauvergue, le monsieur sécurité de la majorité, n'exclue pas des débordements en France en cas de nouvelles restrictions.
"Bien sûr que c'est une crainte. Je suis sûr que le gouvernement prend ses précautions là-dessus. Il y a de la contestation, on est un peuple qui aime sa liberté et qui a combattu pour sa liberté."
A l'Assemblée, personne n'a oublié l'épisode des "Gilets Jaunes". A l'époque, "la coupe était beaucoup moins pleine qu'aujourd'hui", lâche un député.
De leur côté, des médecins s'accordent sur les conséquences des deux premiers épisodes de confinement sur la santé mentale: anxiété, dépression, parfois jusqu'à des tentatives de suicide. Et s'inquiètent quant à l'avenir.
*“Il y a trois manières de réagir: se résigner, se révolter ou alors faire face de manière efficace”, assure, sur RMC, le Professeur Nicolas Franck, psychiatre et chef de pôle au centre hospitalier Le Vinatier, à Bron dans le Rhône. Il se dit soucieux. Si beaucoup ont la capacité de faire face efficacement. Le refus d'un confinement n'est pas à exclure.
“Le fait de ne pas sentir que c’est utile ou que la mesure soit incomprise peut mener à la révolte. Donc c’est très important de communiquer de manière extrêmement claire. On ne peut pas se contenter de dire qu'on fait trois consultations gratuites pour les étudiants et on crée des numéros d’appels”, explique-t-il.
Emeutes aux Pays-Bas
Chez plusieurs de nos voisins, notamment les Pays-Bas, des manifestations violentes ont éclaté ces derniers jours. Des émeutes violentes ont eu lieu dans plusieurs villes, Amsterdam, Rotterdam mais aussi Maastricht ou La Haye: des feux d’artifice ont été tirés, des vitrines brisées et des magasins pillés. La police a procédé à plusieurs dizaines d’arrestations et a tenté de dispersé les manifestants avec des canons à eau.
Dimanche soir, déjà, des scènes de tension avaient émaillé le pays. Un centre de tests Covid a été incendié et près de 300 personnes avaient été arrêtées. Ces émeutiers rejettent le couvre-feu, qui a débuté samedi et qui va de 21h à 4h30: c’est le premier couvre-feu décrété dans le pays depuis la seconde guerre mondiale et il doit durer au moins jusqu’au 9 février…
La contestation s’étend à d’autres pays: samedi soir, le mouvement baptisé "Men in black" a fait parler de lui au Danemark, il dénonce une dictature depuis l’instauration d’un semi confinement. Plusieurs centaines de manifestants à Copenhague, dont deux hommes d’une trentaine d’années, ont mis le feu à un mannequin qui représentait la Première Ministre danoise. Des tensions extrêmement rares dans ce pays… Enfin il y aussi l’exemple de Madrid, des milliers de personnes ont défilé samedi: pas pour dénoncer le couvre-feu mais pour affirmer que le virus n’existe pas, que le masque ne sert à rien et que le "gouvernement espagnol les trompe".