Et si les villes du futur étaient en bois?

Dans "Estelle Midi" ce lundi sur RMC et RMC Story, Anthony Morel a présenté l'avenir de la construction des villes... en bois.

Et si la ville du futur était construite non plus en béton, mais en chêne, en mélèze ou en peuplier? On peut tout faire avec du bois, pas du bois ordinaire, mais du bois high-tech.

La startup française Woodoo a mis au point une sorte de "super bois", ou de "bois augmenté". On connaît tous le béton armé –du béton renforcé avec des barres d’acier-, et cette startup a inventé le bois armé, assez solide pour construire des immeubles ou même des gratte-ciels.

Il faut comprendre que le bois tel qu’on le connaît, c’est un matériau poreux, il contient entre 60 et 90% d’air, comme un gruyère. L’idée qu’a eu Woodoo, c’est de remplir ce vide, avec des matériaux solides. Ça se fait au niveau moléculaire évidemment: on va injecter dans le bois une résine, d’origine naturelle. Et ce polymère va le rendre plus solide, plus résistant lui donner des propriétés incroyables. Imaginez: plus résistant au feu que le bois normal, il ne peut pas pourrir. Il peut même laisser passer la lumière –c’est un bois translucide –très intéressant en termes d’architecture mais aussi de décoration. Et surtout ultra solide: 20 fois plus résistant qu’une poutre en bois classique par exemple.

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Problème de stabilité au-delà de 12 étages

Cette invention française, qui a entre autres tapé dans l’œil du MIT et de pas mal d’entreprises, pourrait permettre de construire les villes du futur. On commence à voir apparaître des immeubles en bois, mais qui font 8/10 étages. Au-dessus de 12 étages, il y a des problèmes de stabilité, un problème qui serait résolu avec ce nouveau matériau. Sans compter que cela permet de revaloriser les forêts françaises : aujourd’hui on exploite seulement une toute petite partie de ce que l'on produit. D’autant que ce procédé de bois renforcé fonctionne aussi avec des bois "non nobles", comme le peuplier, le balsa, le pin des landes…

On pourrait même, à long terme, imaginer des gratte-ciel en bois, cela intéresse de plus en plus les urbanistes. Le Japon veut faire sortir de terre un gratte-ciel plus haut que la Tour Eiffel et composé à 90% de bois. Un immeuble de 350 mètres de haut, composé presque en totalité de bois –avec 10% d’acier pour renforcer la structure. Vu de loin, les premières images font penser à un assemblage d’allumettes ou à un kapla géant. Ce sera le plus haut gratte-ciel du Japon et la plus haute structure en bois au monde: 70 étages de bureaux, de commerces, d’habitations, un hôtel, un jardin sur le toit, de grands balcons remplis de verdure. Il y a vraiment dans cette idée de transformer la ville en forêt.

Trois fois moins énergivore que le béton

Au-delà de l’aspect purement esthétique –ça change des grands buildings de verre et d’acier, c’est très lumineux et très "chaud"- le bois présente un certain nombre d’avantages architecturaux et environnementaux. Les avantages, d’un point de vue écologique, sont aussi assez clairs: le bois est trois fois moins énergivore que le béton, 17 fois moins que le verre, 130 fois moins que l’acier, 475 fois moins que l’aluminium et évidemment, tout est recyclable. Il absorbe aussi très bien les chocs, c’est un matériau qui est très souple et donc particulièrement adapté pour résister aux vents violents et aux séismes. Le projet ne devrait voir le jour qu’en 2041.

Mais le recours au bois ne s'arrête pas à la construction. On pourra combiner ce bois, qui est translucide, avec de l’électronique: ces planches de bois peuvent par exemple se transformer en écrans tactiles. Peut-être pas pour un smartphone, mais par exemple on peut intégrer ça dans les tableaux de bord pour les voitures, dans l’horlogerie, la décoration d’intérieur… Le bois, matériau du futur!

Anthony Morel