"C'est un impôt injuste": le coup de gueule d'Estelle Denis sur les droits de succession

Les droits de succession sont l'impôt le plus impopulaire du pays selon une étude Odoxa pour le magazine Challenges. Pourtant, si 37% des ménages ont déjà reçu un héritage au cours de leur vie selon l'Insee, 87% des successions sont exonérées d'impôts, grâce au seuil de 100.000 euros par héritier.
Malgré tout 77% des Français trouvent cet impôt "injustifié" selon cette étude. Emmanuel Macron avait envisagé durant la campagne présidentielle. Une promesse qui ne devrait pas être tenue dans un avenir proche au vu de l'état des finances du pays et les annonces de recherches d'économies massives, aux alentours de 20 milliards d'euros rien que pour l'année 2024.
Estelle Denis fait partie de ces 77% et l'a bien fait comprendre ce jeudi dans Estelle Midi sur RMC.
"Il y a des gens qui ont de l'argent car ils ont bossé toute leur vie, partis de rien et qui ont terminé avec des fortunes. Ils ont déjà payé des impôts, des frais de notaire, des taxes d'habitation, des taxes foncières... A un moment, qu'on les taxe -encore- sur le fruit de leur travail car ils redistribuent à leurs enfants... Il y a un truc qui ne va pas", juge-t-elle.
"Et quelque soit le montant. Peut-être qu'il faut distinguer les familles de rentiers et de travailleurs, mais je ne vois pas comment c'est possible. C'est un impôt injuste quand même", juge-t-elle.
"C'est la double peine"
Auditeur de RMC, Jean abonde en son sens et explique qu'il doit payer 127.900 euros de frais de succession de son frère qui s'est suicidé, car la maison qui lui revient est estimée à 250.000 euros. "Il faut payer la moitié car ce n'est pas une ligne directe", explique-t-il.
"Le pire, c'est que j'ai six mois pour payer cette somme et je ne l'ai pas, l'Etat vous taxe 5% tous les mois en plus si vous ne payez pas cette somme". La maison est en vente mais pas encore vendue. Une situation intenable pour Jean, qui va donc faire un prêt-relais auprès de sa banque pour payer.
"C'est la double peine. 50% entre frères et soeurs... On n'a même pas le choix de donner quelque chose à notre mort, c'est quand même incroyable", fulmine Estelle Denis.
Faudrait-il donc supprimer purement et simplement les droits de succession ? C'est en tout cas l'avis de Jean-Philippe Delsol, avocat fiscaliste à la tête d'un institut de recherche qui se revendique "libéral".
"C'est d'autant plus faisable que plein d'autres pays ont déjà supprimé ces droits", plaide-t-il sur RMC, citant en exemple la Suède, l'Autriche, la Norvège ou encore le Portugal. "Cela entrave l'économie, fait peser des charges sur les familles et n'aide pas au développement", selon lui.
L'avocat estime qu'il n'y a que 13% des Français qui payent des droits de succession seulement parce que les gens s'arrangent avant leur mort en faisant des donations, notamment pour bénéficier d'un abattement fiscal qui se renouvelle tous les 15 ans.
Selon les chiffres de l'institut indépendant Fipeco, les recettes liées aux droits de succession rapportaient 12,5 milliards d'euros à l'Etat en 2020. Des droits jugés "nécessaires pour contribuer à l’égalité des chances" selon l'institut.