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Agnès Hartemann, cheffe de service à la Pitié-Salpêtrière: "Ca ne tient plus, on est arrivés au bout"

Les médecins continuent de démissionner pour protester contre les conditions de travail au sein de l'hôpital public. Agnès Hartemann, cheffe de service à la Pitié-Salpêtrière était chez les GG pour expliquer ce mouvement.

L'hôpital public craque. Plus d'un millier de chefs de service à travers la France ont présenté leur démission administrative. Ils entendent ainsi protester contre les conditions de travail dans les hôpitaux publics et l'insuffisance du plan d'urgence dévoilé fin novembre par Agnès Buzyn après huit mois de crise.

Ce vendredi sur le plateau des GG, Agnès Hartemann, cheffe de service à la Pitié-Salpêtrière, a expliqué les raisons de cette colère. Elle-même fait partie des démissionnaires: "C'est une démission administrative, c'est-à-dire que nous continuons à soigner nos patients mais nous ne voulons plus discuter de finances avec la direction".

"L'hôpital ne peut pas être une entreprise"

"Au départ nous avons un peu joué le jeu de la tarification à l'activité. Nous avions pour tâche d'équilibrer les recettes et les dépenses. Pour faire des recettes, il faut produire du séjour, hospitaliser des gens le moins longtemps possible. On pouvait parfois prendre un peu trop de temps ou être un peu désorganisé, la première année ça avait du sens.

Mais l'hôpital ne peut pas être une entreprise parce que la sécurité sociale a un budget fermé. Donc même si on essaie de capter de l'argent dans un hôpital, la sécurité sociale ne peut pas donner beaucoup plus d'argent. Donc elle baissait les tarifs au fil des années. On pensait avoir assuré assez de recettes, et il fallait en faire plus chaque année", a-t-elle développé.

"Les candidats se démotivent parce que les conditions de travail sont terribles"

"Et ce n'était pas pour une question de bonne gestion. Par exemple, pour financer un hôpital de jour, la sécurité sociale exige deux examens faits. Donc on ça pousse à faire des actes inutiles pour faire rentrer de l'argent. Ça a commencé à embouteiller les plateaux techniques de l'hôpital. On nous a demandé de faire plus d'argent", a-t-elle continué.

Jusqu'au point de non-retour: "Ensuite il a fallu faire des économies et la variable d'ajustement, c'était le personnel. Une infirmière en retraite n'était pas remplacée. Au début ça tenait. Et là, ça ne tient plus, on est arrivés au bout. Les personnels sont partis. A l'AP-HP, il y a 600 postes vacants, les candidats se démotivent parce que les conditions de travail sont terribles, les salaires sont très peu élevés".

P.B.