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Les Grandes Gueules

Attentats - Gabriel, policier: "On n'arrivera jamais à sécuriser les fans zones"

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Après les attentats de Bruxelles, et les questions qu'ils posent sur notre sécurité, le député Les Républicains Éric Ciotti a souhaité sur RMC l'annulation des fans zones de l'Euro 2016, où doivent se réunir des dizaines de milliers de supporters dans plusieurs villes de France. Selon un policier interrogé dans les Grandes Gueules, ces zones seront impossibles à sécuriser.

C'est une question qui se pose après les attentats de Bruxelles. Une question soulevée sur RMC par le député Les Républicains Éric Ciotti, mardi, quelques heures après la double explosion dans l'aéroport de Zaventem et dans la station Maelbeek, dans la capitale belge : comment assurer la sécurité des supporters de football qui se réuniront dans les fans zones durant l'Euro 2016 ? Eric Ciotti lui, a tranché : "Je ne suis pas convaincu de la nécessité de maintenir ces fans-zones, des espaces difficiles à sécuriser".

En effet, entre 7 et 8 millions de supporters sont attendus dans ces fans zones, dans lesquelles ils pourront suivre sur écran géant les matchs de la compétition, organisée sur notre sol du 10 juin au 10 juillet. On attend même jusqu'à 100.000 personnes sur le champ de mars, à Paris. Des fans zones en accès libres "mais contrôlés", a rappelé mardi le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. En plus des forces de sécurité de l'État, quelques 10.000 agents privés encadreront ces supporters, pour un coût global de 17 millions d'euros.

"Je ne vois pas comment on va faire"

Ce mercredi dans les Grandes Gueules, Gabriel, fonctionnaire de police, a donné son sentiment. Et il rejoint celui d'Éric Ciotti. "Malheureusement je suis pour (une annulation des fans zones)". Gabriel fait le parallèle avec la Belgique, où le projet meurtrier des terroristes a pu voir le jour malgré une alerte maximale et nombre de perquisitions.

"Je me demande comment on va pouvoir gérer des fans zones un peu partout en France alors que nous avons un cruel manque d'effectif policier", explique-t-il.

"Les militaires ne sont pas du tout formés au contrôle de foules. Vous allez vous retrouvez avec des zones contenant 80 à 90.000 personnes. Sur les stades c'est faisable parce qu'il y a des couloirs et des accès, mais là, c'est impossible de fouiller autant de gens. Donc, je ne vois pas comment on va faire".

"Si c'est juste former des gens à faire des palpations, c'est faisable de former 10.000 agents privés, poursuit-il. Mais le problème c'est que la palpation est censée amener la découverte d'objets, et là, un agent de sécurité n'est pas forcément formé à ça". "Ce sont beaucoup d'intérimaires qui font des palpations rapides et brèves", rappelle-t-il, pointant un risque logique de manque de réactivité face à un terroriste.

"Je préfère 30 morts dans un bar, que 2.000 dans une fan zone"

Gabriel souligne également un autre problème: celui de l'identification de terroristes potentiels. La sécurité visuelle est possible, mais "on va dire qu'il y aura un délit de faciès!". "Donc à mon sens, tout cela n'est pas applicable", conclut le policier.

A une objection d'une des grandes gueules, qui explique que les terroristes pourront toujours commettre des attentats dans les cafés, Gabriel rétorque : "C'est cynique, mais je préfère 30 morts dans un bar, que 2.000 dans une fan zone".

Philippe Gril avec les GG