Brexit: "Il faut se préparer à refonder une Europe avec moins de membres, avec des bases plus sociales"

François Ruffin était l'invité des Grandes Gueules mardi. - RMC
Depuis le vote du Brexit la semaine, François Ruffin regrette l'attitude des dirigeants européens face au choix des citoyens britanniques. "Je suis partisan de la souveraineté, c'est au peuple anglais de se décider. Il s'est décidé. Il a eu un long débat et au terme de ce long débat il a choisi ça", constate le réalisateur de Merci Patron!.
Il fait un parallèle avec le référendum organisé en Grèce sur le plan d'aide proposé par les créanciers du pays en juillet 2015
"La Grèce a mal voté donc il a s'agit ensuite de la punir, on ne lui a pas donné le choix de mener une autre politique. Ca peut se faire dans le cadre d'une coopération, de discussions et non pas avec un couteau sous la gorge, et c'est ce qu'on voit aujourd'hui. Le réflexe c'est: il ne faut pas perdre de temps pour exclure la Grande-Bretagne, comme s'il y avait un sentiment de vengeance", déplore François Ruffin.
Il se souvient également du "non" français au référendum de 2005 sur le traité de Constitution européenne qui avait malgré tout abouti au traité de Lisbonne quelques années plus tard. "On ne pouvait pas 3 ans après faire comme si de rien n'était avec le traité de Lisbonne. C'est une manière de s'asseoir sur le vote des peuples, on ne peut pas penser que ça n'a pas des conséquences sur le long terme", poursuit-il.
Remettre en cause "les bases libérales" de l'UE
Critique de l'Europe, le rédacteur en chef de Fakir qui se décrit à la fois comme journaliste et militant aimerait d'ailleurs que l'Union européenne soit davantage concentrée sur le peuple. De Podemos en Espagne à Nuit debout en France, dont il est une figure, François Ruffin croit en ces "forces centrifuges".
"Il faut se préparer à canaliser cette énergie dans une autre direction qu'une direction seulement réactionnaire, il faut se préparer à refonder une Europe peut-être avec moins de membres, avec quelques membres, et en partant sur des bases plus sociales", propose-t-il.
Il faudra selon lui revoir toutes les fondations de l'Union européenne et ses bases "extrêmement libérales". Il remet en cause la libre circulation des capitaux et des marchandises qui conduisent notamment à des délocalisations, l'un des thèmes abordé dans son film Merci Patron!. Des questions également soulevées par le frontiste Florian Philippot lui fait remarquer la Grande Gueule Fatima Aït Bounoua. "Je ne veux pas laisser ces armes-là entre les mains du Front national", explique François Ruffin pour qui ces questions sont "justes" et nécessitent des réponses. "Je suis pour prendre le problème à la racine et dire que ce n'est pas normal que Goodyear puisse se barrer en Pologne parce que là-bas il n'y a pas d'impôts, parce qu'il n'y a pas de normes environnementales, parce que là-bas les salaires sont moins chers", dénonce le journaliste. Pour lui, les solutions passent notamment par la fiscalité et "l'exigence d'égalité".