Camp de migrants évacué à Calais: le coup de gueule de Kaouther Ben Mohamed

"Même des animaux, on s’indignerait qu’ils vivent dans ces conditions-là". Kaouther Ben Mohamed a laissé éclater sa colère ce vendredi dans "Les Grandes Gueules" sur RMC et RMC Story, après l’évacuation d’un camp de migrants à Calais, qui a fait de nombreux blessés parmi les policiers et les migrants, et la remise en cause du travail des associations sur place par l’étudiante Stella Kamnga. "Si l’Etat faisait son travail, ces gens-là ne seraient pas dans la rue, estime la présidente de l’association ‘Marseille en colère’. Ces personnes ne seraient pas dans la boue, dans la rue, mais en sécurité. On touche de l’argent, on a signé l’accord du Touquet (avec la Grande-Bretagne, ndlr). Cet argent est mal utilisé."
"Je me bats toute la journée, c’est mon secteur d’activité, a souligné Kaouther Ben Mohamed. J’ai une association, je fonctionne avec zéro centime de l’Etat. Et c’est un choix que j’assume. On est tous bénévoles. Mon bureau, c’est ma maison. Je reçois des gens chez moi et je les aide tous les jours, y compris les SDF que j’héberge souvent chez moi. Et pourtant, j’ai un tout petit appartement. La solidarité, ce n’est pas une question d’argent. Les associations, quelles qu’elles soient, ne peuvent pas mettre en place des politiques publiques à la place de l’Etat. L’Etat a son travail, les assos ont le leur. On dénonce bien entendu les violences, envers tout le monde. Que ce soit les migrants ou les flics, personne ne doit subir de violences. Les habitants non plus."
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Marie-Anne Soubré: "Ces gens veulent aller en Angleterre, laissons-les y aller"
A Calais, la situation parait figée, avec des épisodes récurrents d’évacuations de camps. "La France ne doit pas être la frontière de l’Angleterre, pour l’avocate Marie-Anne Soubré. On paye une convention complètement stupide qu’on a signé avec les Anglais. Eux, ils sont tranquilles. Et nous, on fait frontière. Ces gens veulent aller en Angleterre, laissons-les y aller. Je n’en peux plus de ça. Il y a beaucoup de misère humaine. Je n’oublie pas que ce sont des gens qui sont malheureux. Ils sont illégaux, mais je pense aux êtres humains. Ils vivent dans la boue. Personne n’a envie de vivre comme ils vivent. S’ils sont partis de leur pays, c’est parce que c’était trop difficile pour eux. Et ils ne veulent même pas rester en France. Laissons-les partir !"
"J’aimerais avoir une pensée pour les habitants de Calais, a ajouté Fred Hermel, l’auteur de ‘C’est ça la France’. C’est très dur pour eux, parce qu’ils sont au milieu. Ils doivent subir les dégradations, la dangerosité que représente le fait d’avoir des gens illégaux qui viennent de partout. La plupart sont pacifiques, mais il y a quand même beaucoup de délinquance et d’agressions liées à la présence de ces migrants. Il y a des ouvriers qui ont travaillé toute leur vie pour se payer une petite maison, qui ne vaut plus rien aujourd’hui parce que c’est une zone où il y a des migrants, des associations qui les aident, des affrontements avec la police. L’Etat, lui, fait son travail, propose des solutions d’hébergements à ces migrants, qui les refusent parce qu’ils ne veulent pas rester en France."