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Corbeil: comment l'argent liquide serait parvenu à Dassault

Serge Dassault, a été mis en examen en avril dernier pour "achat de votes", complicité de financement illicite de campagne électorale" et "financement de campagne électorale en dépassement du plafond autorisé".

Serge Dassault, a été mis en examen en avril dernier pour "achat de votes", complicité de financement illicite de campagne électorale" et "financement de campagne électorale en dépassement du plafond autorisé". - Eric Piermont - AFP

Invité ce mardi des Grandes Gueules sur RMC, le journaliste de Libération Yann Philippin, a raconté comment l'argent suspecté d'avoir servi à des achats de voix par le maire de Corbeil-Essonnes, Serge Dassault, avait transité depuis la Suisse.

C'est un système "tortueux" qu'a décrit le journaliste de Libération Yann Philippin, invité des Grandes gueules sur RMC, ce mardi. Le journaliste a enquêté sur les soupçons d'achat de voix par Serge Dassault, l'ancien maire de Corbeil-Essonnes jusqu'en 2009. Il a expliqué qu'entre 1995 et 2012, l'avionneur avait reçu dans son bureau pour 53 millions d'euros en liquide. Une somme livrée en plusieurs fois, dans de simples sacs plastiques, et qui provenait de la Suisse et du Liechtenstein.

"Le comptable de serge Dassault, Gérard Limat, a été mis en examen pour 'complicité d'achats de votes', et donc les juges ont des indices graves et concordants qu'au moins une partie de cet argent a servi à acheter des voix à Corbeil-Essonnes", a expliqué Yann Philippin. D'ailleurs, "bon nombre de ces livraisons sont concentrées juste autour des élections. Il y a par exemple une grosse livraison de 300.000 euros dix jours avant le premier tour des municipales de 2009".

"Un système pour franchir la frontière les poches vides"

Yann Philippin a ensuite détaillé le parcours de l'argent, du Liechtenstein au bureau de l'avionneur, tel que l'aurait décrit Gérard Limat aux enquêteurs lors de son audition. "Serge Dassault avait en secret deux fondations privées, dans la charmante ville de Vaduz (capitale du Liechtenstein, NDR), qui avaient des comptes extrêmement bien garnies", a-t-il raconté. "Il se trouve que monsieur Limat se rendait à Vaduz une fois par an, et retirait de très grosses sommes au guichet, jusqu'à 12 millions d'euros. Puis il rentrait en Suisse pour stocker cette grosse masse de billets dans son coffre d'une banque à Genève. Comme ça, dès que Dassault l'appelait, il pouvait aller chercher les billets à Genève, il les donnait ensuite à Cofinor (une société financière basée à Genève, NDR). Le comptable pouvait ainsi passer la frontière entre la France et la Suisse les poches vides, et le livreur de Cofinor lui apportait directement les liasses de billets à Paris qu'il pouvait ensuite amener à Serge Dassault".

Mis en examen en avril dernier pour "achat de votes", complicité de financement illicite de campagne électorale" et "financement de campagne électorale en dépassement du plafond autorisé", Serge Dassault, 89 ans, a reconnu des dons mais a toujours réfuté l'achat de voix lors des municipales de 2008, 2009 et 2010.