Delphine Blumereau: "On est une génération du changement qui délaisse la politique"
C'était la dernière des Audacieuses. Delphine Blumereau, ex-présidente de l'association cliMates, était l'invitée des Grandes Gueules ce vendredi sur RMC, dans le cadre de la semaine consacrée aux Audacieuses. La jeune femme, âgée de 24 ans, s’est engagée en 2012 dans la lutte contre les changements climatiques en rejoignant CliMates, un laboratoire international d'idées et d'actions sur les changements climatiques composé de jeunes bénévoles. Et c'est à un choc des générations que l'on a assisté dans les GG. Car Delphine Blumereau a débattu fermement avec la Grande gueule Bernard Debré, député Les Républicains dont on taira l'âge.
"On s'engage autrement"
Leur pomme de discorde : la fracture entre les politiques et la nouvelle génération.
"Notre génération se décrit comme connectée, perdue, désenchantée voire sacrifiée, et c'est le cas puisqu'on vit dans un monde en crise depuis 10 ans, constate d'abord Delphine Blumereau. Mais c'est du coup une génération du changement. Et on sait que l'on doit inventer de nouveau modèle".
Pour elle, la nouvelle génération n'est pas désintéressée de la politique, mais rejette par contre la façon de la faire aujourd'hui. "Les jeunes en ont marre de la politique classique et partisane. On est très politique, seulement on n'utilise pas les canaux classiques de la politique. On délaisse la politique partisane, on délaisse le vote. On s'engage autrement, à côté. Il y des barrières tellement importante".
"Cette politique partisane… ça n'a aucun sens par exemple de s'opposer à une loi d'intérêt général juste parce on est dans l'opposition de principe, et pourtant ça arrive tellement souvent. Les enjeux de long terme ne sont pas pris en compte".
Face à l'étonnement de Bernard Debré, Delphine Blumereau s'explique : "Je dis juste que le système en place a ses limites et a montré qu'il désintéressait les jeunes. Il y a de moins en moins de votants et nous avons besoin de renouveler notre démocratie".
"Le budget participatif, c'est génial"
Une des solutions qu'elle met en avant, c'est "un mix entre la démocratie représentative et la démocratie participative, plus directe", s'appuyant sur l'exemple du village de Saillans (Drôme) qui a mis en place une vraie démocratie participative de ses administrés. "En France il y a pas mal d'initiative qui vont en ce sens, il y a des villes qui font de la politique autrement, comme à Saillans, et je ne comprends pas pourquoi on ne généralise pas".
Elle met également en avant "le budget participatif", qu'elle qualifie de "génial". "Le budget de la ville est mis à disposition des citoyens qui votent pour la répartition de leur argent et pas décidé uniquement des gens élus qui restent en petit comité". La ville de Paris, notamment, a ouvert une petite partie de son budget au choix de ses administrés.
"Attendez, tout le monde met en avant cet exemple, mais il y a 1.200 habitants à Saillans", rétorque le député Les Républicains, ancien maire d'Ambroise, en Indre-et-Loire, sous-entendant qu'il était difficile de le faire dans de plus grandes villes.