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Drogue et trafics à Marseille: les conseils d'un éducateur spécialisé pour stopper "la loi de la violence"

Etienne Liebig, éducateur des "GG", estime qu'il y a une vraie nécessité de prendre en charge les jeunes qui quitte l'école pour entrer dans des trafics. Il estime qu'une fois qu'ils passent devant la justice, c'est déjà trop tard.

A Marseille, les réseaux qui se partagent le trafic de stupéfiants sont dominés par "la loi de la violence", avec des clans de plus en plus "professionnels" et lourdement armés, explique la préfète de police des Bouches-du-Rhône, Frédérique Camilleri. Et les victimes sont de plus en plus jeunes, avec des guetteurs parfois à peine adolescents présents sur ces points de deal directement visés par des fusillades. 

Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a promis mardi l'envoi de magistrats supplémentaires à Marseille, endeuillée par des règlements de comptes qui ont poussé élus et professionnels à réclamer davantage de moyens pour soigner les maux de la deuxième ville de France.

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La mort par balle, le 19 août, d'un adolescent de 14 ans sur un point de vente dans une des cités les plus pauvres de Marseille, puis, trois jours plus tard, trois nouveaux homicides, dont celui d'un homme de 27 ans, enlevé en pleine rue et brûlé vif dans le coffre d'une voiture, ont semé l'effroi.

Dans ces annonces, le garde des Sceaux a notamment évoqué la réforme de la justice pénale des mineurs, qui met notamment en place une procédure de jugement en deux temps et doit permettre une accélération des jugements, le garde des Sceaux a fait part de son "optimisme réaliste": "Nous serons prêts le 30 septembre pour que les mineurs soient jugés dans des délais rapides et nous espérons bien sûr que cela aura un impact sur la délinquance".

Un besoin d'éducateur pour éviter le décrochage

Cependant, pour Etienne Liebig, éducateur, ce n’est pas sur ça qu’il faut des efforts pour sortir les jeunes des trafics dans ces quartiers.

“Je trouve que faire des lois sur ces toutes petites quantités, je trouve ça un peu bizarre. Qu’on donne les moyens sur les quartiers aux gens qui sont là pour qu’ils puissent bosser avec les mineurs. Parce que quand on fait du chouffe par exemple, ça veut dire qu’on quitte l’école, qu’on commence à se déscolariser. Et aujourd’hui il y a un vrai problème, c’est qu’il y a des quartiers entiers où il n’y a pas d'éducateurs qui peuvent continuer à suivre les jeunes qui se déscolarisent. 
Tant que l’enfant n’a pas fait une connerie et n’est pas allé en justice, on ne peut pas le suivre. Il faut des éducateurs de rue, qui sont là en prévention, par exemple quand ils sont absents plus de trois jours à l’école, on signale. Parce que soit il a eu un décès dans son cercle proche, soit c’est qu’il est en train de décrocher parce qu’il a un autre intérêt. Et c’est là qu’il faut intervenir, dans la première semaine. C’est beaucoup plus difficile de ramener le gosse dans le droit chemin une fois qu’il a pris des habitudes et qu’il se dit, c’est bon l’école, c’est fini”, détaille l’éducateur Etienne Liebig.

Depuis le début de l'été, la ville est meurtrie par une "explosion" des règlements de comptes liés au trafic de drogue: 12 des 15 morts enregistrés depuis le début de l'année l'ont été au cours des deux derniers mois, a rappelé lundi la procureure de Marseille Dominique Laurens.

Guillaume Descours