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Les Grandes Gueules

François-Xavier Ménage: à Fukushima “l’ennemi était invisible”

François-Xavier Ménage a couvert la catastrophe de Fukushima pour BFMTV.

François-Xavier Ménage a couvert la catastrophe de Fukushima pour BFMTV. - RMC

Ancien Grand reporter à BFMTV et RMC, François-Xavier Ménage a couvert en mars 2011 la catastrophe de Fukushima. Retourné sur place à plusieurs reprises, il publie un livre-enquête et raconte son expérience dans les Grandes Gueules sur RMC.

“J’ai laissé une partie de mon cerveau à Fukushima”. Cinq ans après la catastrophe qui a touché le Japon, François-Xavier Ménage reste marqué par le séisme, le tsunami et l’accident nucléaire qui ont frappé l’île. En mars 2011, il s’était rendu sur place pour couvrir l’événement sans savoir ce qui l’attendait.

Sur place, “l'ennemi était invisible. On reçoit des SMS de collègues, de proches qui nous disent foutez le camp, c’est trop dangereux. Moi c’était la première fois que ça m’arrivait, j’avais la chance d’être Grand reporter à l’époque et en général l’ennemi était toujours très visible. Là, l’ennemi était planqué”, raconte le journaliste.

En cinq ans, François-Xavier Ménage est retourné plusieurs fois sur place et raconte cette catastrophe qui le hante dans son livre Fukushima, le poison coule toujours. “Je voulais continuer à voir les conséquences au fur et à mesure”, depuis qu’il y est allé Fukushima “l’obsède” reconnaît-il.

"Des villes plongées dans le silence"

Autour de la centrale de Fukushima, la zone rouge, la zone contaminée porte toujours les stigmates de la catastrophe nucléaire. "Il y a des villes qui sont encore plongées dans le silence, dans lesquelles il n'y a plus rien", raconte le journaliste. Sur place, des travaux de décontaminations sont en cours.

"Le gouvernement japonais dit dès l'instant où on aura tout nettoyé vous pourrez revenir (...). Quand bien même les habitants reviendraient dans ces villes nettoyées, juste à côté, parfois à quelques mètres des maisons, il y a des forêts dans lesquelles il y a une somme incalculable de césium".

Particulièrement radioactif, cet élément chimique "continue à être dangereux pendant 30 ans", explique François-Xavier Ménage. "Des milliers d'endroits sont encore infestés et quand il pleut, le césium dégouline des montagnes vers les campagnes".

La France est-elle prête?

Face à la catastrophe, François-Xavier Ménage a constaté au Japon "une discipline des habitants". "A chaque fois quand on leur a demandé de répondre à cette catastrophe en allant à un endroit ou un autre, ils l'ont fait avec une discipline, avec une abnégation assez folle. Est-ce qu'en France ça se passerait de la même manière? Je ne sais pas", admet le journaliste.

Au cours de son enquête, François-Xavier Ménage a pu rencontrer Naoto Kan, le Premier ministre japonais de l'époque. "Les prochains, c'est vous", l'a-t-il alors mis en garde. "En France est-ce que tout est prêt? On a une réponse très simple sur les pastilles d'iode qu'on est censé avaler juste avant qu'un accident arrive (...). Ces pastilles d'iode qu'on est censé distribuer autour des centrales en France, on n'a pas les stocks suffisants", assure-t-il. "Moi je ne suis ni pro, ni anti-nucléaire. Ce qui est certain c'est que les conséquences peuvent être assez inquiétantes". 

Carole Blanchard avec les GG