Guerre d'Algérie: "Le 19 mars est une date de paix et ce débat sur la commémoration est lunaire"
54 ans après les plaies ne sont pas encore refermées, et le choix de François Hollande de commémorer pour la première fois le 19 mars, date du cessez-le-feu de la guerre d'Algérie (en 1962, au lendemain de la signature des accords d'Évian), samedi au Quai Branly à Paris, fait polémique. Nicolas Sarkozy s'est fendu d'une tribune dans Le Figaro jeudi, pour dénoncer cette commémoration. "Pour qu'une commémoration soit commune, il faut que la date célébrée soit acceptée par tous", écrit l'ancien chef de l'État. Depuis 2003, une "journée nationale d'hommage aux morts pour la France pendant la guerre d'Algérie et les combats du Maroc et de la Tunisie" était organisée le 5 décembre, date neutre choisie par Jacques Chirac.
Ce vendredi dans les Grandes Gueules, deux auditeurs ont souhaité partager leur sentiment sur cette commémoration.
Mourad: "Le 19 mars, c'est une date de paix"
Mourad, d'abord, qui a évoqué "un débat lunaire". Lunaire, car il devrait selon lui y avoir un consensus : "La date sur laquelle on veut polémiquer, c'est une date de paix. Des personnes encore essaient d'instrumentaliser le ressenti de la décolonisation, mais le général de Gaulle avait raison de donner l'indépendance à l'Algérie, car c'était une guerre coloniale. Il faut accepter la vérité. Nous Français, aurions-nous accepté que l'Allemagne occupe notre territoire après 1945 ? Cette date c'est une date de célébration de la paix". Lunaire aussi, car selon lui, en 2016, les gouvernants devraient avoir d'autres priorités. "Pour moi il y a des priorités, notamment le chômage de masse ou la sécurité, le débat actuel est un débat lunaire".
Marie-Pierre: "Je suis choquée du choix de la date"
Marie-Pierre, ensuite, a résumé le sentiment de ces rapatriés d'Algérie qui ont connu le déchirement d'un retour forcé en France. "Je suis choquée du choix de la date. C'est la date des accords d'Evian (le lendemain en fait, NDR), mais c'est surtout la date d'un renoncement et d'un abandon des populations civiles, harkis et pieds noirs, qui ont été victimes de massacres et d'épuration ethnique. Le départ des populations n'a pas été organisé, l'exode s'est fait dans des conditions inacceptables. Je ne crois pas qu'il soit temps de passer à autre chose". "Quand on n'évacue pas correctement le passé, on le retrouve régulièrement", estime-t-elle, évoquant le terrorisme qui frappe notre pays. Un terrorisme qui est, selon elle, "en lien direct avec le passé".