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Kamal Redouani: "Daesh sera là tant qu'on ne leur fera pas la guerre au sol"

Le journaliste et réalisateur Kamal Redouani, ce jeudi dans les Grandes Gueules.

Le journaliste et réalisateur Kamal Redouani, ce jeudi dans les Grandes Gueules. - RMC

Le journaliste et réalisateur Kamal Redouani a assisté à la naissance de Daesh et suivi pendant 10 ans sa montée en puissance. Invité ce jeudi des Grandes Gueules, il a répondu à cette question: l'Etat islamique peut-il s'écrouler?

Il a vécu aux côtés des habitants vivant sous le joug de Daesh en Syrie et en Irak, a même interviewé des cadres de l'État Islamique. Kamal Redouani, journaliste et réalisateur, auteur de Inside Daesh, 10 ans d'enquête au cœur du jihad (éditions Arthaud) publié le 10 février, était l'invité des Grandes Gueules ce jeudi. En couvrant la guerre en Irak à partir de 2006, il a vu la montée en puissance de Daesh, jusqu'à devenir cet état puissant, qui a sa propre administration, ses capitales (Raqqa en Syrie et Mossoul en Irak), sa monnaie et ses impôts, qui viennent compléter les revenus tirés du pétrole. Pour autant, les Grandes Gueules ont voulu savoir auprès de Kamal Redouani si cet État pouvait être viable sur la durée.

"Regardez la Corée du Nord, les populations ne se soulèvent pas"

Déjà, pour le journaliste, il ne faut pas oublier qu'une partie de la population continue de les soutenir. "Au départ, ils ont séduit la population, en organisant des distributions, notamment de cadeaux pour les enfants par exemple". Il reconnaît toutefois que cette sympathie s'amenuise.

"Maintenant, Daesh a des règles de vie difficiles à tenir, même pour les sunnites les plus conservateurs. Il y a une partie de la population qui en a marre et qui tente de fuir, sans réussite".

"Est-ce viable ? Regardez en Corée du Nord, la population est malmenée par ceux qui les dirigent, mais ils ne se révoltent pas pour autant". Kamal Redouani, l'assure : "Tant qu'on ne sera pas allé à la guerre au sol, ils seront toujours là".

"Si les jeunes attirés par le jihad avaient vu ce que j'ai vu"

Le journaliste ne sait pas si Daesh séduit toujours autant les jeunes jihadistes en herbe, mais il sait une chose : "c'est que si ces jeunes avaient vu ce que j'ai vu, la souffrance des populations, s'ils avaient vu tous ces gens qui sont malheureux parce qu'ils ont envahi leur village, leurs terres, ils n'iraient pas aussi facilement là-bas", en Syrie ou en Irak.

Philippe Gril avec les GG