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Le maire de Sevran démissionne: "J'en ai marre d'être Don Quichotte"

Stéphane Gatignon, maire de Sevran en Seine-Saint-Denis depuis 2001, a démissionné mardi de ses fonctions, "usé" par le "mépris de l'État pour les banlieues". Il s'en expliquait ce matin chez les GG.

Le maire de Sevran tire sa révérence. Stéphane Gatignon a fait part de sa décision lors du conseil municipal ce mardi soir. "Je suis usé par la fonction et par les blocages qui viennent d'en haut", a-t-il déclaré. "Ca fait 17 ans que je suis maire. Il faut de la niaque, se battre. J'avais dit que quand je n'aurais plus de jus, j'arrêterais. Voilà, c'est le moment".

L'édile écologiste était l'invité des GG ce mercredi. "On voit bien les réticences de chacun, notamment des services de l'Etat. On a un autre projet à Sevran qui a décidé de mettre les plus pauvres ensemble. La réalité est là. C'est Don Quichotte, moi j'en ai marre, d'être Don Quichotte. J'aime bien Cervantès mais les moulins à vent, c'est un truc de fous", a-t-il déploré.

Stéphane Gatignon dit avoir été au bout de son action: "Depuis plusieurs mois le matin, ça m'arrivait d'être un peu plus en retard, d'avoir moins la pêche. C'est facile de parler depuis un studio radio-télé, d'être en haut à Paris. Quand tu es à Sevran tu es obligé de te taper les choses formidables, mais aussi le quotidien qui est très dur, et la souffrance des gens qui est réelle. Il faut essayer de gérer au mieux la régulation en ville de tout un tas de choses. Il faut se taper tout ça au quotidien et à un moment, il faut qu'il y ait au-dessus une compréhension de ce qui se passe en banlieue parce que c'est l'avenir de la France avec une population jeune, cosmopolite, dynamique".

"Un monde parallèle qui vit de la démerde"

Et d'expliquer: "En banlieue, on a créé un monde parallèle qui vit de la démerde. Ce sont des villes où 35% de la population vit au-dessus du seuil de pauvreté, donc c'est un mélange, des contradictions. C'est difficile".

Sa démission intervient à quelques semaines de la publication d'un très attendu "rapport Borloo" pour les quartiers, commandé à l'ancien ministre de la Ville par le gouvernement, et que Stéphane Gatignon a qualifié de "plan de la dernière chance".

Les mandats de Stéphane Gatignon ont été marqués par des coups d'éclat. Ardent défenseur de la dépénalisation du cannabis, il avait réclamé en 2011 l'intervention de l'armée pour rétablir la sécurité dans sa ville, après une série d'homicides liés au trafic de drogue. Un an plus tard, il avait fait une grève de la faim devant l'Assemblée nationale pour obtenir des aides de l'État pour les villes pauvres.

P.B.