Liberté d'expression: "On dirait que les gens ne veulent plus d'artistes", s'alarme Joann Sfar
On ne peut plus rire de tout. C'est ce que semble penser Joann Sfar qui s'alarme de liberté d'expression des artistes ce mardi dans "Le Grand Oral des GG". Le dessinateur et réalisateur a estimé que la liberté de création des artistes est menacée.
"On dirait que les gens ne veulent plus d’artistes, les vannes deviennent de plus en plus difficiles à faire. Quand les vannes qu’on fait entre amis, on ne peut plus les faire en public, il y a un vrai problème", lance-t-il.
Il estime que le but d’un artiste "n’est pas d’avoir raison" et que son "rôle" est d'être "assez en confiance pour y compris dire des horreurs, des conneries, et qu'on en discute".
"Un artiste a le droit d'être une ordure"
L'auteur a été "frappé" par la polémique autour des pamphlets antisémites de Céline. "Ils n’ont d’ailleurs jamais été interdits, c’est Céline et sa femme qui ne voulaient pas qu'on les publie", rappelle-t-il dans un premier temps.
"On n'a jamais demandé à un artiste d'avoir raison. Un artiste a le droit d’être une ordure. Et on peut quand même dire qu'historiquement, c'est intéressant de voir ce qu'il a écrit. Pour les gens qui adorent Céline, c'est aussi un moyen de se remettre en question, de se dire qu'on est face à quelqu'un qui est à la fois une ordure et un grand écrivain."
"Houellebecq m'agace, mais je ne veux pas qu'il se censure"
Il estime que c'est le public qui a le dernier mot et qui doit décider de lui-même ce qu'il veut et ne veut pas lire. "Quand on n'aime pas un artiste, on n’a qu’à pas l’acheter pas le suivre. On n'a pas besoin de leur dire où est le camp du bien. Un livre c'est fait pour des gens qui veulent décider par eux-mêmes".
Joann Sfar explique, pour illustrer sa démonstration, que Michel Houellebecq "l'agace", mais qu'il "n'aimerait pas qu'il se censure, qu'il édulcore son travail".