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Ligue du LOL: "C'est la preuve du machisme qui est inscrit dans notre culture"

Plusieurs journalistes ont été mis à pied après la révélation de leur appartenance à la Ligue du LOL, un groupe Facebook qui harcelaient des internautes sur les réseaux sociaux.

Alexandre Hervaud et Vincent Glad de Libération, David D. des Inrocks, ainsi que d'autres anciens membres de la Ligue du LOL ont été mis à pied ce lundi. La Ligue du LOL, c'est un groupe Facebook fermé, actif dans les années 2009-2013, qui lançaient des campagnes de harcèlement en ligne notamment contre des femmes journalistes.

Outre des messages d'insultes et de dénigrement répétés de la part de membres de ce groupe sur leurs réseaux sociaux, certaines racontent des canulars très poussés, voire une intimidation dans la vraie vie.

Plusieurs victimes ont témoigné sur les réseaux sociaux. L'ex-journaliste Capucine Piot a raconté avoir été la cible de montages photo ou vidéo "moqueurs", des critiques récurrentes sur son apparence "pendant des années". "Ça a été très dur dans ma construction de jeune femme", a-t-elle tweeté.

"À chaque thread politique, à chaque gueulante féministe ou contre la grossophobie, je savais que j'allais payer le prix de ma liberté d'expression", a témoigné la militante Daria Marx. Le blogueur Matthias Jambon-Puillet a raconté sur le site Medium des insultes anonymes et des photomontages, dont un pornographique envoyé en son nom à des mineurs.

"Cette affaire a un sens très profond"

Les principaux acteurs de cette Ligue étaient journalistes, mais aussi graphistes, photographes ou encore communicants et avaient, pour beaucoup, de l'influence dans leurs milieux respectifs. Plusieurs membres ont présenté leurs excuses tout en assurant ne pas d'être rendu compte de l'impact de leurs actes.

Pour la GG Etienne Liebig, cette affaire va au-delà du microcosme de journalistes parisiens: "Ce qui est intéressant c'est de constater comment le machisme le plus traditionnel, le plus con, qui peut faire blocage à la promotion des femmes s'est adapté aux réseaux sociaux. Quand j'ai entendu l'histoire, je me suis dit que c'était des petits cons. Maintenant je vais plus loin, je pense qu'ils sont la preuve de ce machisme qui est inscrit dans notre mode culturel et trouve des nouveaux moyens d'expression".

Et de marteler: "On peut considérer que c'est un jeu et que ce n'est pas si grave mais ça a un fond qui a un sens très profond. Je ne voudrais pas que l'on passe à côté du sens en disant que ce ne sont que des gamins qui se sont amusés à faire la nique à leurs copines. Je voudrais que ça aille plus loin dans le sens de l'analyse qu'on peut en faire".

Paulina Benavente