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Maltraitance dans les Ehpad: "Mon père souffrait et on lui parlait comme s'il faisait la comédie"

Béatrice Gurrey, grand reporter au Monde et auteure de La tête qui tourne et la parole qui s’en va, sur la maladie d'Alzheimer de ses parents, était l'invitée des Grandes Gueules ce jeudi.

Ses deux parents ont été frappés par la maladie d'Alzheimer, en même temps. Béatrice Gurrey, grand reporter au Monde, a souhaité apporter son témoignage sur le bouleversement que constitue la découverte de la maladie chez ses parents, en écrivant La tête qui tourne et la parole qui s’en va, paru le 26 avril chez Robert Laffont. Un livre dans lequel elle parle notamment de la maltraitance dans les Ehpad, les établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes. "La maltraitance je l'ai constatée, raconte-t-elle ce jeudi dans les Grandes Gueules. Un jour mon père est tombé, il a fait un AVC. Le médecin ne s'en est pas aperçu. Il a alors été traité pour de l'arthrose. C'était un homme dur au mal, mais il était blanc de douleur quand on touchait ses jambes. On voyait bien qu'il y avait quelque chose qui était plus que les conséquences d'une chute. Quand certaines aides-soignantes ou auxiliaires de vie, le changeaient et le mettaient dans son lit, c'était terrible. On a surpris cette scène, et on a vu à quel point il souffrait… pourtant on lui parlait comme s'il faisait la comédie. D'ailleurs, il est mort, c'en est arrivé à cette extrémité".

"Ça demande beaucoup de patience"

"Et puis vous avez des gens qui font leur travail sans cœur. Avoir de l'empathie cela ne s'apprend pas, mais on peut avoir une formation un peu psychologique", poursuit-elle.

Mais bien sûr, à côté de ces personnels-là, "il y a aussi des personnes tout à fait extraordinaires", relève Béatrice Gurrey. Il y en a de nombreuses dans l'Epahd de ma mère. Mais malheureusement ces gens ne sont pas assez nombreux. Quand vous vous occupez de quelqu'un, que vous devez lui donner sa douche, l'aider à s'habiller, à aller au toilette, lui laver les dents… Vous vous rendez compte du temps que cela prend. Et encore, quand cela se passe bien. Ça demande beaucoup de patience."

P. G. avec les GG