Messages municipaux sur le ramadan à Lorette: "Je me suis sentie agressée personnellement"

Le ramadan a débuté lundi. - Lionel Bonaventure - AFP
"Le ramadan doit se vivre, sans bruit", "la République se vit à visage découvert". Ces messages, affichés sur les panneaux municipaux de la ville de Lorette dans la Loire suscitent la polémique alors que le ramadan a commencé lundi. Nathalie, habitante de la ville est "choquée" par ces affichages. "Ce qu'il fait, c'est attiser les tensions, attiser la haine entre les personnes", explique cette auditrice dans les Grandes Gueules.
Gérard Tardy, le maire de la ville s'est justifié expliquant des incidents l'an dernier. "Certains habitants de Lorette ont évoqué devoir déménager si cela continue. On est face à un véritable problème de société. Si on ne veut pas que cela se termine comme en Bosnie, il faut réagir et vite", a-t-il expliqué à l'AFP. Pour Nathalie, le maire exagère.
"Nous sommes une petite ville tranquille. Il y a comme dans toutes les villes de petits débordements mais pas de grande délinquance (...). Je comprends bien qu'il faille respecter les autres, mais de là à afficher toute la population musulmane, c'est nous monter les uns contre les autres", estime-t-elle.
"Agressée personnellement"
La Grande Gueule Charles Consigny regrette "les éléments de langage" utilisés par l'auditrice qui "utilise le terme stigmatiser, nous monter les uns contre les autres et dans une seconde ça va nous rappeler 'les heures les plus sombres de notre histoire'. Une fois qu'on aura dit ça on sera bien avancé". Mais Nathalie explique avoir eu l'impression d'être mise au ban.
"Je suis d'origine algérienne. Je suis Française et Lorettoise avant tout et ces deux messages m'ont vraiment choqué et je me suis sentie agressée personnellement", explique l'auditrice.
Pour l'agriculteur des Grandes Gueules Didier Giraud, "sur le fond le maire pouvait être dans son bon droit". "Ca pouvait être perçu comme un message de prévention mais quand tu connais le pedigree du type, je ne lui fais aucune confiance", lance-t-il. En 2003, Gérard Tardy avait réclamé la liste des jeunes fréquentant le centre-social de la ville et estimé que "les enfants de souche musulmane" étaient trop nombreux à profiter de la structure.