RMC

Ouverture des commerces alimentaires jusqu'à minuit: "Que va devenir l'épicier de nuit avec cette nouvelle concurrence?", demande Marie-Anne Soubré

Le secteur du commerce alimentaire veut aujourd'hui "révolutionner" les règles traditionnelles d'ouverture. Pour s'adapter au nouveau mode de consommation, ces commerçants souhaitent ouvrir jusqu'à minuit, au lieu de 21 heures. Le gouvernement se dit prêt à ce changement à condition d'assouplir les règles sur le travail de nuit.

Faire ses courses après 21 heures sera peut-être bientôt possible. En effet, le gouvernement veut favoriser l’ouverture des commerces alimentaires après cet horaire en assouplissant les règles sur le travail de nuit. 

Un projet de loi doit être présenté en Conseil des ministres d’ici mi-novembre selon le ministère du travail. Dans ce projet de loi, un article qui réduit la période de travail de nuit. Le projet de loi propose d'ajouter à ces dérogations les commerces alimentaires qui pourraient donc rester ouverts jusque minuit, sans avoir recours au travail de nuit, à la condition de ne pas ouvrir avant 7 heures le lendemain matin. Cela permettrait aux supérettes et supermarchés d'ouvrir tard tout en respectant l'interdiction de recourir au travail de nuit. Celui-ci doit être, en effet, justifié par la nécessité d'assurer la continuité de l'activité économique ou des services d'utilité sociale. 

Pour Barbara Lefebvre, cette ouverture des commerces jusqu’à minuit va totalement à l’encontre de la volonté d’en finir avec la société de consommation.

"On dit qu’on veut revenir à une société de confort et non pas d’opulence. Est-ce qu’on a besoin à 22 heures d’aller faire ses courses ?", se demande-t-elle. 

Une concurrence exacerbée

Pour Marie-Anne Soubré, cette loi va surtout défaire des règles qui ont été faites pour protéger les employés. Elle prône plutôt, comme pour l’ouverture des magasins le dimanche, "l’ouverture de magasins avec des vigiles, qui eux de toute façon travaillent la nuit, et puis des caisses uniquement automatisées, où il n’y a personne", explique-t-elle. Elle se pose également la question de ce que va devenir l’épicier de nuit si des supermarchés peuvent rester ouverts jusqu’à minuit.

"Dans les grandes villes, il y a toujours un endroit où on peut aller dans une petite épicerie qui est ouverte la nuit. Ces gens-là vont avoir une concurrence inouïe et ce que je trouve scandaleux, c’est ce que sont uniquement les grandes anciennes qui vont être autorisées à ouvrir alors qu’elles militent pour ne plus payer les gens comme ils devraient l’être", indique-t-elle.

Actuellement, seuls les commerces alimentaires situés dans les zones touristiques internationales comme les Champs-Elysées ont l'autorisation d'ouvrir jusque minuit. Mais les contreparties minimales sont plus fortes: doublement du salaire, retour au domicile et frais de garde des enfants à la charge de l'employeur, volontariat des salariés concernés.

Guillaume Descours