Sébastien Destremeau, dernier du Vendée Globe: "Je n'avais pas envie de rentrer"
C’est une psychanalyse en solitaire autour du monde qu’a vécu Sébastien Destremeau. Arrivé 18ème et donc bon dernier du Vendée Globe, le Toulonnais ne disputait pas la même course que les autres. Lui s’était lancé un défi, celui de terminer la course. Sans musique, sans lien avec le monde, il a tué le temps en écrivant, en se plongeant dans un passé tumultueux. Trois mois après son arrivée, il publie son livre, Seul au monde (Xo éditions). Invité des Grandes Gueules ce vendredi, il raconte, parallèlement à son périple, une enfance tumultueuse, rythmée par les coups de ceinture de son père.
"Ce n'est pas l'enfer de vivre ce qu'on vit tous les jours sur le bateau, moi j'ai adoré cette navigation. L'enfer, ce sont les émotions qu'on traverse qui sont immenses. Entre le Cap de Bonne espérance et le Cap Horn, ça a duré 60 jours, j'ai pleuré tous les jours. Pas forcément de tristesse, mais j'ai pleuré comme un gamin. A cause d'une discussion que l'on imagine avec une personne proche, face à sa vie".
Pas destiné à se lancer dans une telle aventure, Sébastien Destremeau s'est confronté à ce défi par intérêt et n’avait pas prévu d’écrire un livre. "A la base je suis régatier, donc je suis un sprinteur. Je travaillais avec 120 personnes, mais je ne faisais rien de manuel contrairement au Vendée Globe. L'immensité du défi m'a intéressé. La nuit j'ai peur de l'eau, et je me suis dit que j'allais voir si j'étais capable de le faire. Pendant cette aventure, qui est très dure physiquement, les conditions ont fait que je me suis retrouvé à vouloir raconter mon histoire qui est une véritable aventure".
Sébastien Destremeau revient sur son enfance, habitée d’un sentiment d’injustice, et de la violence d’un père avec qui il n’a pas su communiquer. "C'est vrai que ce petit garçon souffre d'injustice. Je prends des coups de ceinture plus que les autres. Ce que je n'acceptais pas, c'était l'injustice permanente. Aujourd'hui, j'espère que mon père me regarde et qu'il est étonné. Mais ce n'est pas que vis-à-vis de mon père que j'ai fais cette course".
Seul sur son bateau, c’est presque avec regrets qu’il a vu la terre s’approcher. "Le Vendée Globe, c'est la toile de fond mais il y a aussi pas mal d'aventures dans ce livre. Je n'ai pas eu envie de rentrer, j'étais prêt à faire un deuxième tour. Si j'avais eu de la nourriture à bord pour continuer, j'aurais fait un tour de plus, ça m'aurait fait marrer. La présence humaine ne m'a pas du tout manqué. J'aime ne pas poser mon sac, être en mouvement. Ça a été toute ma vie comme ça".